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 (libre) bienvenue dans la secte

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Ambrose Atkins
Ambrose Atkins
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MessageSujet: (libre) bienvenue dans la secte   (libre) bienvenue dans la secte EmptyMar 5 Mai - 19:05

Spoiler:

« Chorale de Stevenson, rejoignez la chorale de Stevenson ! »

On était plantés là depuis dix heures du matin. On, oui, car perdu dans cet ennui, j’avais une nouvelle fois décidé de ne pas le faire seul. Toujours décidé à emmener des personnes dans mes galères, j’avais proposé à la sortie d’une répétition de faire de la publicité pour notre chorale. A regarder la vérité en face, on avait une très mauvaise répartition. En parlant de répartition, je ne parlais pas d’équilibre entre les ténors, les basses, les altos et les sopranos, non. Je parlais en terme de répartition entre les chanteurs et ceux qui partageaient leur lente agonie. Entre les jeunes et les vieux, pour parler plus sincèrement. Il nous fallait du sang neuf. Si j’avais intégré la chorale, c’était pour rencontrer de nouvelles personnes et espérer me faire des amis, pas pour passer ma journée en maison de retraite car c’est à peu près les seules connaissances que je pouvais me faire.
Le moratoire, c’est fini, il nous fallait recruter la nouvelle génération de Stevenson.

En proposant la folle idée à notre cheffe de choeur, elle a tout de suite accepté. Pas étonnant, à vrai dire. Qui ne rêverait pas d’un choeur qui chante juste et qui respecte un peu le répertoire qu’il explore, nom de Dieu. En revanche, je venais de creuser ma tombe, et là, actuellement, j’avais les pieds dedans. Prenant le projet en main, je me suis senti rapidement dépassé par les événements, ne contrôlant absolument plus rien, pris dans l’ouragan Catherine qui avait décidé de tout gérer, que ce soit le choix du lieu, de l’heure et surtout, de ma partenaire.
Je me retrouvais confronté à une anti-Sainte Trinité, une sorte  de Maudite Trinité, par trois choix merdiques qui m’étaient imposés. La supérette, endroit VIP pour faire de la publicité, entre Steve qui achète son poisson et Samantha qui compare le prix de ses tampons, je priais pour que le bip incessant des caisses couvre nos voix. J’étais avec un boulet au pied toute la journée, et je regardais amoureusement l’idée d’une grasse matinée qui s’éloignait au loin, la larme à l’oeil, la main tendue tragiquement. Enfin, ma partenaire était Faye Buchanan. Je vais rester honnête en disant que je préférais une jeune femme plutôt qu’une petite vieille. Le soucis, c’est que j’aurai peut-être préféré une jeune femme célibataire sans enfant. J’étais bloqué avec elle, sans aucun espoir de pouvoir pécho éthiquement. Au moins, j’avais la chance d’être avec une alto et non pas une connasse de soprano qui allait me parler toute la journée avec sa voix haut perchée et s’empêcher de crier pour « préserver sa voix ».

« Madame, intéressée par la chorale de Stevenson ? Monsieur, vous êtes une basse, ça se voit d’ici ! Rejoignez nous ! »


Nous avions un petit stand avec quelques dessins faits par les membres de la chorale. Equipés de nos superbes t-shirts avec écrit en grand « chorale de Stevenson », agrémentés de croches par-ci par-là, j’envisageais de prendre un mètre pour mesurer la gueule que je tirais. De temps en temps, je lâchais quelques soupirs, parce que j’avais constamment faim et que je commençais à ne plus supporter les annonces du petit Bryan qui s’était encore perdu dans le rayon charcuterie. On aurait mieux fait d’organiser une grande fête dans le bar du coin, où on chantait nos plus grands tubes et où, forcément, la bière, le vin et les chants attiraient forcément les plus jeunes.
Je priais pour que quelques uns d’entre eux aient pitié de nous et viennent nous tirer de ce mortel ennui.

« J’ai faim et j’ai froid. »
je grogne, gamin sur pattes que je suis.
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MessageSujet: Re: (libre) bienvenue dans la secte   (libre) bienvenue dans la secte EmptyVen 8 Mai - 16:35

Pour tout dire, elle ne sait pas bien comme elle s'est retrouvée là, Faye. Comme souvent, d'ailleurs ; ça avait tendance à devenir une habitude chez elle que de se faire embarquer dans des plans pour le moins foireux. Cette fois ne fait très manifestement pas exception à la règle et, sous la pression d'une cheffe de chœur volontaire doublée de sa mère (toujours la première quand il s'agit d'améliorer la socialisation de sa fille) Faye avait fini par accepter de prendre part au recrutement des nouveaux membres. Force est d'admettre que l'idée n'est pas tout à fait saugrenue : outre la moyenne d'âge particulièrement élevée de la chorale de Stevenson, elle ne brille pas non plus pour ses capacités vocales, comme Faye l'avait très vite constaté en la rejoignant. Ça encore, c'était une idée de sa mère, comme une opportunité de retrouver des amis au village après ses cinq ans d'absence. Si par amis on entend Brenda et Joyce, fournisseuses officielles de muffins, on peut considérer cela comme un succès - sans quoi, un peu plus de nuance est de mise.

La voilà donc dans l'entrée du magasin, quelque part entre les annonces à peine audibles, les lumières blafardes et les bips incessants des caisses. Non contente d'être seule, elle se retrouve affublée d'un binôme, celui-là même qui a soumis la brillante idée d'une journée de recrutement à l'endroit le plus passant de Stevenson : la supérette est donc été toute désignée.
Faye arrive en retard et repère Ambrose, déjà en place, alpaguant tant bien que mal les passants.

« Bonjour ! Désolée pour le retard j'ai eu... peu importe. Comment ça se passe ? » Elle lance avec un sourire, avant de s'installer à ses côtés derrière le stand. Tout a été préparé à merveille malgré son peu d'investissement, et des badges au nom de la chorale trônent sur la table. Faye en saisit un et vient l'épingler sur sa veste, avant de se joindre à lui.

« Mesdames messieurs, rejoignez la chorale de Stevenson ! » lance-t-elle dès que l'on passe devant eux, sans parvenir cependant à attirer l'attention de qui que ce soit. Elle persévère un peu, ne laissant rien paraître de son découragement. A ses côtés, les soupirs se font de plus en plus fréquents. Apparemment, elle n'est pas la seule peu satisfaite du manque de succès de l'entreprise ; elle essaie de ne pas s'en formaliser et poursuit. Ambrose finit par lâcher un grognement.

« Tu veux aller te chercher à manger ? » Faye demande, désignant comme une évidence l'intégralité de la supérette pour remédier à ce problème. Concernant le froid par contre, elle n'a pas de solution : la climatisation de la boutique et l'immobilité finissent d'ailleurs par l'atteindre elle aussi.
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MessageSujet: Re: (libre) bienvenue dans la secte   (libre) bienvenue dans la secte EmptyVen 8 Mai - 17:32

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Dernière édition par Albrecht Edelstein le Mer 27 Mai - 3:43, édité 1 fois
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Ephraïm Woolf
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MessageSujet: Re: (libre) bienvenue dans la secte   (libre) bienvenue dans la secte EmptySam 9 Mai - 14:31

La supérette de Stevenson.
Sa planque préférée.
Pour éviter les coups de lattes.
Et les embrouilles du matin.
Il arrive peu avant dix heures.
Ephraïm, regard fuyant, quitte le dôme familial.
Rejoint les rayons bondés de monde.
Foule prospère.
Il adhère au troupeau sans mal.
Chemin entre les allées illuminées.
Surconsommation quotidienne.
Malbouffe dans les caddies.
Il fait franchement vilain petit canard.
Lui et ses légumes.
Son petit marché sain.
Sac de mémé, il n’a pas trouvé mieux.
La corvée devient bénédiction.
Il est seul pour ses emplettes.
Ramener de quoi nourrir un régiment.
Y retourner le plus possible.
Cela permet d’éviter soigneusement quelques sermons.
Il a déjà fini alors que la horde de Stevenson débarque à dix heures tapantes.
Lui est déjà prêt à quitter le magasin.
Il redouble d’efficacité à chaque fois.
Alors qu’il s’apprête à sortir avec ses sacs remplis.
Il heurte une silhouette encapuchonnée.
Frissons sur l’épiderme.
Les yeux bleus et les boucles blondes qui dépassent.
Il ne peut pas ne pas le reconnaître.
Les sacs lui en tombent des mains.
- Albrecht ?
D’autres sons lui parviennent.
La chorale non loin.
Un stand tenu avec des visages familiers.
Le fils du pasteur ne doit pas montrer son trouble.
Tout le trahirait.
Jusqu’aux regards un peu trop tendres.
Jusqu’aux accolades amicales.
Le ton de la voix.
Il ramasse ses courses.
N’ose plus rien dire.
Déstabilisé, électrisé.
Il n'arrive pas à y croire.
L'Allemand se tient devant lui.
Ils se sont quittés pourtant dernièrement.
À l’orée des draps.
Le croiser dans ces circonstances...
Dans cet univers trivial...
Cela tient du burlesque.
- Je…pardon. J’espère que ça va.
Je dois aller les saluer.

Geste du menton.
Il aperçoit Ambrose.
L’air grognon.
Peut-être qu’en lui proposant une barre de céréales…
Il débarque en conquérant.
Dépose les victuailles sur le comptoir du stand.
- J’entends les ventres gronder d’ici.
Vous avez des têtes d'enterrement.

Un sourire bref mais compatissant, opinant du chef.
Il se tourne vers Albrecht.
Lui tend une gourmandise poliment.
Un peu anxieux quand même.
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Ambrose Atkins
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MessageSujet: Re: (libre) bienvenue dans la secte   (libre) bienvenue dans la secte EmptySam 9 Mai - 15:42

J’étais loin d’être quelqu’un de compliqué, à vrai dire. Je voyais Faye être relativement sympathique et souriante, et, croyez le ou non, je sentais mon rythme cardiaque se calmer. Je devais me rendre à l’évidence : je pensais connaître les raisons précises pour lesquelles notre cheffe de coeur me l’avait refourguée. Faye était tout ce que je n’avais pas : la grâce juvénile et le sourire des beaux jours. Devant son calme et sa spontanéité, je me sens un peu con et je baisse la tête comme un gosse qu’on venait d’engueuler. On est tous les deux dans la même galère, et il me semblerait que cette table a des menottes qui nous empêchent de bouger. Un peu penaud, je me contente de hocher la tête de gauche à droite, chassant mes envies enfantines d’un non stylisé.

« T’inquiète pas, j’attendrais midi, c’est juste que j’ai pas petit déjeuner … Pas de céréales. »

Tandis que je venais de m’enterrer avec ma crédibilité, je me contente de continuer notre quête. Avec un peu de découragement, je constate que c’était réellement une activité de vieillards, les chorales. Je peinais à comprendre leur logique et leur attachement à détruire les grandes œuvres de notre répertoire, mais je me contentais d’essayer d’être sympathique. Pourtant, rien n’y faisait, et notre feuille de nouvelles inscriptions restait désespéramment vide. Je commençais à paniquer à l’idée de louper une journée à remuer le supermarché. Mes nerfs sont à vif, et je deviens percussionniste dans un groupe de metal, double pédales sur les genoux, danseur de salsa, peut-être. Je sens mes pieds rebondir nerveusement et mes jambes trembler. Impossible de déterminer si c’était la faim ou l’agacement qui créait ce mystérieux phénomène, mais je me sens pas à l’aise et je pose mon coude sur mon genou, tête dessus pour y mettre du poids.
Echec critique, vous vous en doutez, puisque tout le mouvement fut étendu à ma tête.

« Hé ! »

Au loin, j’aperçois Ephraïm et … Oh, bah, le gars que j’avais tabassé dans une ruelle bourré dans la nuit. Ma bouche se cale dans un coin, celui à droite, tirant une moue songeuse. Est-ce qu’il allait venir m’en parler et gémir devant tout un supermarché ? Impossible, au vu de son statut de déchet de Stevenson. Je lui adresse un clin d’oeil entendu. Je t’ai reconnu, et j’assumais mes actes. C’était la dure loi de l’humanité, et il fallait qu’il s’habitue à son rôle. Je l’ai longtemps tenu, moi aussi, ce taf de punching ball des gars alphas, ou de ceux qui avaient trop de rage pour l’évacuer autrement que sur des trognes prudes et innocentes. Désormais, je rêvais de faire parti de leur clan ; sûrement que j’économiserais en anti-inflammatoires et en compresses.

«  J’entends les ventres gronder d’ici. Vous avez des têtes d'enterrement.
- T’es le BOSS, Eph ! »
, j’hurle comme si je venais de recevoir une nouvelle console à Noël.

Sans crier gare, je me jette sur une barre de céréales et je me hâte à la dévorer. Je deviens un arbre, et c’est toujours agréable de sentir la sève circuler dans le corps. Au passage, j’en profite pour rire de joie : Robinson Crusoé, c’est moi, et à me voir, on aurait dit que je n’avais rien mangé depuis dix jours.

« L’ange gardien de Stevenson, regarde Faye, on a à bouffer avant midi maintenant ! Comment ça va ? »


Mon regard se baisse à peine et je croise les yeux bleus de l’allemand. Petit sourire au coin des lèvres, la situation m’amuse. Qui était-il, en dehors que la petite victime de Stevenson ? Je pose mes coudes sur la table et vient nicher mon menton au creux de mes paumes. Mes yeux se plissent, visiblement amusés par la situation, eux aussi.

« Tu nous présentes pas ton ami ? »
sourire de requin, j’ai tous les crocs visibles.
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Koko Jones
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MessageSujet: Re: (libre) bienvenue dans la secte   (libre) bienvenue dans la secte EmptyLun 11 Mai - 11:45

Ce matin Papa Jones est triste.
Je le sais parce que quand je le regarde, c'est comme s'il était tout bleu, du bout de ses orteils qui dépassent de ses sandales en vieux cuir, jusqu'aux racines de ses longs cheveux que la grisaille grignote peu à peu. Il m'a dit une fois qu'il n'y avait aucune peine qu'une fleur ne saurait consoler. Alors j'ai embrassé son front chaud, et je suis partie. Là-haut, tout là-haut, jusqu'à la clairière, la grande, celle qui grouille de cette flore sauvage qui, si on sait l'écouter, vous raconte volontiers son histoire.
Accroupie au milieu des herbes folles qui se réjouissent en constatant qu'elles ont grandi si vite et si bien qu'elles pourront bientôt me faire disparaître, je tente d'expliquer à un coquelicot têtu pourquoi il serait préférable qu'il me laisse poursuivre mon chemin plutôt que de s'obstiner à me convaincre de l'emmener avec moi. Je le vois bien qu'il s'empourpre davantage à jalouser les brins d'ammis et les centaurées que j'ai déjà posé sur mon bras. Mais la nature étant ce qu'elle est est, imprévisible parfois, injuste souvent, il s'avère qu'un coquelicot qu'on arrache à son bout de terre se flétrit et perd sa robe rouge en quelques heures à peine, là où d'autres cousines bien plus coriaces résistent une dizaine de jours avant de se mettre à nu. J'abandonne donc la fleur envieuse aux pucerons qui en son coeur se sont installés, et reporte mon attention sur ce bouquet qui, je le vois bien, manque cruellement de notes chaudes, touches réconfortantes. Pas de carmin donc, mais l'orangé des épervières fera tout aussi bien l'affaire. Une poignée de bleuets drôlement bien assortis à l'humeur de Papa, et puis il faudra songer à s'arrêter de cueillir, à moins qu'il ne me pousse un troisième bras.
Cet assemblage de boutons bariolés prend tellement de place à présent que j'ai l'impression d'avoir embarqué un morceau de prairie entier avec moi. En redescendant le long de la route, je fais attention à ne pas égarer une seule de mes petites protégées. Je me demande quand même s'il y en aura assez pour que Papa retrouve sa couleur d'origine. Et puis je me dis que si je lui préparais quelque chose à manger, cela pourrait accélérer le processus. Du poisson mijoté à l'orange, son plat préféré. Mais d'orange il n'y a plus dans le grand saladier de la cuisine, je le sais parce que le dernier fruit, c'est moi qui l'ai mangé. Une poire. Elle était un peu trop mûre. Dans ma poche, quelques pièces. Tout à fait de quoi les troquer contre deux ou trois agrumes.
Direction la supérette, avec son carrelage blanc et froid sur lequel mes pieds n'aiment pas s'attarder, mais il le faut bien, puisque d'oranger il n'y a pas dans cette forêt qui ne manque pourtant pas d'arbres. Pas facile de naviguer entre tous ces bonhommes et ces bonnes femmes pressés qui n'ont de cesse de rafler les pétales de ma cueillette de ces grand manteaux aussi ternes que leurs visages. Je me plante enfin devant les étalages de fruits et légumes. C'est fou comme ils n'ont pas la même odeur ici. Peut-être ces néons qui clignotent qui leur font perdre les attraits que le soleil leur avait donnés lorsqu'ils murissaient au grand air.
Sacs qui se renversent et recrachent leur contenu, là, juste à côté. Cette silhouette immense, tout de noir vêtue, qui s'empresse de tout ramasser. Mais la boîte de conserve, des petits pois je crois, qui est venue se réfugier tout contre ma patte droite, la silhouette ne l'a pas remarquée. Le temps que je me baisse pour l'attraper et la lui tendre, la silhouette s'en est allée. Elle est si grande et si sombre qu'il ne me faut pas bien longtemps pour la retrouver. Je m'approche un peu vite, et puis oh ! Tous ces gadgets, ces gribouillis, ces badges ! Plus assez de mains pour venir les inspecter. Mes pupilles qui s'affolent puis finissent par faire le point sur ce garçon aux visages tacheté et à la crinière extraordinaire. C'est incroyable cette rouille dans ses mèches qui s'entortillent. J'aimerais les toucher mais toujours cette fichue boîte de pois qui m'en empêche. Il beugle un peu, et ça aussi, ça m'agace. Et puis il y a cette fille. Elle est la seule à sourire dans ce foutu magasin rempli d'âmes à demi vivantes aux mines froissées. Au diable les petits pois. Je les abandonne quelque part sur la table pour lui tendre une fleur.


Dernière édition par Koko Jones le Jeu 14 Mai - 14:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (libre) bienvenue dans la secte   (libre) bienvenue dans la secte EmptyJeu 14 Mai - 13:16

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Dernière édition par Albrecht Edelstein le Mer 27 Mai - 3:44, édité 1 fois
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Ephraïm Woolf
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MessageSujet: Re: (libre) bienvenue dans la secte   (libre) bienvenue dans la secte EmptyVen 15 Mai - 18:56

Pièce qui se joue devant ses yeux sidérés.
Tragédie grecque.
C’est au-dessus de ses forces, dirait-on.
Trop d’informations générées.
Trop de détails à traiter en l’espace de quelques secondes.
Albrecht pâlit.
Il flanche.
Il manque même de tomber.
Tétanisé.
Paralysie du système.
A-t-il vu quelque chose…quelqu’un ?
Qu’il ne devait pas voir ?
Un croquemitaine roux ?
Ephraïm sait qu’Ambrose peut intimider.
Mais il ne comprend pas.
Antécédents qu’il ne connaît pas.
Le bon samaritain tente de faire bonne figure.
Demi-sourire.
Il ne sait fichtrement pas où se mettre.
Cela ressemble à un guet-apens improvisé.
Il se sent coincé entre les rayons.
Il voudrait dire, faire, qu’importe.
Rien ne convient.
Rien ne lui vient à l’esprit.
Chevelure qui lui tombe devant les yeux.
Le fils du pasteur cache son désordre intérieur.
Une tension palpable qu’il effleure.
Albrecht en crise.
Ambrose qui jubile.
Faye souriante.
Tout est confus.
Il anônne les noms un par un.
Il les digère, les rumine.
Décidément, il se trouve souvent au mauvais moment, au mauvais endroit.
- Albrecht…Ambrose, Faye…et…
Une inconnue vient de débarquer.
Avec sa boîte de petits pois.
Qu’elle pose sur le comptoir.
Il la prend en douce.
Récupère son dû.
La remet dans ses sacs qui débordent.
Il se tourne vers l’Allemand qui fait de l’apoplexie.
- Qu’est-ce qui se passe ?
Tu te sens bien ?
Tu veux…prendre l’air ?

La banalité de ses mots le choque.
Il s'applaudit pour cette prouesse langagière.
Il n'a jamais été si éloquent.
Impuissance qui le soumet.
Les épaules cuisantes.
Il pressent l’air malsain qui circule.
Toutes les connexions entre chaque individu.
Il est hypersensible à l'environnement.
Cela n’augure rien de bon.
Il ne peut pas braver les interdits au milieu de ce magasin.
Il ne peut que parler avec les yeux.
Télépathie, si elle existe.
Il se veut rassurant pour le blond.
Il reste planté là, au milieu de ce foutoir.
Comme un benêt.
Maintenant, c’est lui l’idiot du village.
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