saudade (libre)

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le marteau et les vis au creux de la main, le coeur au bord du précipice et les gouttes d'eau qui perlent sur son visage clair. son palpitant s'emballe un peu trop vite, mais c'est parce qu'il a le souci du détail et du travail bien fait. déjà presque deux ans qu'il bricole dans cette vieille partie du garage, sans s'en plaindre puisqu'il est comme ça, Pablo. il ne se plaint pas. pourtant il y a de quoi : le boulot est (souvent) dur, les journées sont (souvent) longues et les clients sont (souvent) les mêmes. parfois, pendant les minutes où il s'égare et où son esprit s'échappe de son corps, Pablo se dit qu'il préfèrerait être très loin, à filmer les oiseaux et les paysages. mais il lui faut être patient.
il est neuf heures du matin, la journée commence pour lui. les légers rayons du soleil réchauffent un peu sa peau encore endormie, juste avant qu'un énorme nuage ne vienne se mettre par dessus, comme s'ils jouaient à cache-cache.

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ta sieste n’a pas duré longtemps. une petite heure à peine et t’es de nouveau dans la cuisine, le pif dans tes céréales dans le collimateur de ton paternel, son café à la main. c’est à se demander comment tu fais pour ne pas t’effondrer à suivre des cycle de sommeil aussi perturbés. il pose tes psychotropes dans ton champ de vision, s’assure que tu les avales tous et puis t’envoie ta veste et ton écharpe.
t’aimes pas monter dans la voiture du shérif, mais t’as pas le choix. c’est comme ça qu’il se déplace. le coin du front contre la vitre gelée, t’écoutes les infos locales d’une oreille à la radio tout en scrutant les décors de stevenson défiler sous tes yeux. tu commences à t’y faire. portland ne te manque pas, pas même tes amis. enfin. tes deux seuls amis. y’a cette mixtape dans le rangement de la portière. celle qu’on t’a offerte avant ton départ et que tu t’es pas encore décidé à écouter. t’aimes te torturer, mais pas de cette façon faut croire.

pied à terre, t’observes le bâtiment. toujours le même. t’allais ouvrir la trappe à essence quand ton père t’a fait signe de laisser ça. il doit causer à sam et toi ton job, c’est d’aller faire un tour, voir si ton cousin traîne dans le coin et pourquoi pas, trouver le carrosses de tes rêves. t’aimes marcher, mais tu dois avouer que l’idée d’avoir enfin ton propre véhicule te plait assez. mais t’y connais pas grand chose. tu zieutes dans le vent, tu sais pas trop ce que tu dois regarder en premier, ou ce qui les différencie.
tu trouves vite pablo, faut dire que c’est le seul sur les lieux à cette heure-ci. tu le salues pas, tu fais jamais ça. t’aimes pas. « ton oncle veut savoir comment tu te portes? » tu hurles en te bouchant les oreilles. t’sais pas de quand date ce foutu moteur, mais il fait un boucan d’enfer. « j’lui dis que t’es mort? » pablo c’est l’indépendance, t’es persuadé qu’il en a trop marre de se faire harceler par son tonton.