another day in paradise (violence/sexe)

Les fonctions cérébrales en veille.
Fournaise dans les reins.
Prélude d’une fantasmagorie.
Qui supervise ?
Les instincts brigands.
La tension monte lorsqu’il sent la tendresse.
À proximité de son éminence.
Entrejambe ardente.
Il a quelques soubresauts involontaires.
Gémissement dans l’oreille du blond.
Il ne sera pas à la hauteur.
Embrasser, cajoler, mais…
Faire l’amour ?
Une autre transcendance.
Il a besoin d’un sursis.
Ephraïm ne sait pas comment on procède.
Aucune méthode d’apprentissage.
Pas de manuel théorique.
Angoisse qui refait surface.
S’il lui faisait mal ?
Il secoue la tête.
Il ne se sent pas capable.
Malgré les envies coupables.
- Tu es sûr que…Est-ce que tu as… ?
Les mots s’emmêlent, se démêlent.
Nœud coulissant.
Autour du cou.
Pendaison de ses pensées rationnelles.
Tout déraille, train qui s’écrase.
Est-ce qu’il a des protections ?
Le SIDA, c’est le virus qui vous frappe sans prévenir.
Il ne veut pas qu’on les montre du doigt.
Ils ont déjà des étiquettes avec certaines connotations.
Pas la peine d’en rajouter.
Il attend qu’on le guide.
Il s’interroge.
Et il ne sait pas qui va dominer qui.
Si vous voyez ce que j’entends par là…
Les doutes s’envolent lorsqu’il se penche vers ce lac céleste.
Deux saphirs qui meurent de désir pour lui.
Rien que pour lui.
Il faut qu’il réaffirme sa virilité.
Or il se sent si dénudé, si vulnérable.
Dans ce maigre apparat.
À la merci du garçon clair-obscur.

☾ ☾ ☾

La gêne disparaît.
Albreht a les mêmes doutes.
Lui aussi.
Le goût pour l’aventure.
Le goût pour la sensualité.
Ephraïm ne se fait pas prier.
Il prend ce qu’il faut dans le tiroir.
Chevet d’un adolescent.
Dans le noir.
Qui s’est découvert un plaisir mystérieux jusqu’alors.
Au cas où, dans un fantasme devenu réalité.
Il se recouvre, se drape.
Tissu annonciateur de quelque vilénie.
Il se hisse au-dessus du jeune homme enclin à ses sévices.
Toujours plus près du précipice.
Toujours à se confondre.
Dans le bleu et le vert, le noir et le jaune.
Draps blancs, voiles vers un voyage lubrique.
Volupté à chaque respiration.
Il l’embrasse, convoque les démons en eux.
Démons de la luxure.
Si proche.
Il sent qu’il peut s’introduire.
Dans une sulfureuse agonie.
Virginité déchirée.
Avec une douceur angélique.
Il sent poindre des sensations prophétiques.
Il pourrait succomber dès les premières secondes.
Il se retient de peu.
S’allonge sur le beau blond.
Dans un hédonisme contenté.
Satisfaction d’un nouveau jour.
Nous sommes des hommes maintenant.
Il ne cesse pas de le regarder, ne réalisant pas parfaitement ce qu’il se passe.
Cette connexion incandescente entre eux.
Heureux d’avoir trouvé l’amant idéal.
Heureux d’une expérience inégalable.
Sommet du mont Olympe.
Grandissante félicité.
Les mouvements lents, modérés.
Emphase pénétrante.

☾ ☾ ☾

Ephraïm sent la douleur de son hôte.
Il sent la pression intrinsèque.
Il a honte de le faire souffrir.
Sa gorge se noue.
Plaisir et douleur s’accouplent.
Il arrête de se mouvoir, reprend avec mille précautions.
Se laisse parfois dominer.
Parfois il s’enlise davantage.
Captivé par les halètements.
Il tente de rassurer Albrecht en le couvrant de baisers sucrés.
Sueur sur les cuisses offertes.
Il touche la proéminence du bien-aimé.
S’active avec attention, avec dévouement.
Pour lui vouer aussi un culte.
Pour lui donner ce qu’il lui donne.
Symétrie anatomique.
La conciliation.
Rythme suave.
Chevauchée dévergondée.
Symphonie libertine.
Les saturnales délivrées.
La chaleur vicieuse se diffuse.
Il est secoué de spasmes corrompus.
Inexorable dissolution.
- Je…
Un hoquet.
Ébranlement en dedans.
Déhanchement chtonien.
- Je suis à toi.
Et tu es à moi.
L’apothéose l’engloutit.
Surcharge de plaisir.
Un cri qu’il camoufle dans le creux du cou.
Et il sent aussi les contractions du blond.
La main souillée à son tour.
Abandon complet.
Relâchement dans tous les membres.
Détente salvatrice.
Éclosion d’un nouveau monde.