because the night (finneas)

( because the night )
@finneas brekker

elle déboutonne d'un geste lent le trench coat emprunté – et jamais rendu - de sa grand-mère. elle hausse les sourcils inconsciemment avant de souffler. putain, qu'est-ce qu'elle fout là ? encore une vieille idée de candy. une idée à la con, ouais.
- j'te jure c'est la soirée de l'année !
- on n'est en mars, candy – y'a pas de 'c'est la soirée de l'année'.
avec candy, c'était la soirée de l'année tous les vendredis. c'était tellement la soirée de l'année, qu'il s'pointait comme genre jamais. immobile, elle joue à faire tourner avec son pouce la bague qu'elle porte à son annulaire droit. un geste qu'elle répète une dizaine de fois trahissant une angoisse avérée. elle a le regard qui s'attarde sur la foule à la recherche du meilleur ami dont elle n'espère plus en découvrir la silhouette.

il n 'y a personne qui ressemble de près ou de loin à candy
fais chier.

gigi, elle s'est traînée péniblement jusqu'au blues & brews. l'expression qui habille son visage ne pourrait que trahir ses émotions. elle a le visage fermé, le sourire absent, la fatigue au bout des cils. c'est bien simple, gigi n'a aucune envie d'être ici. ce n'est pas tant à cause du bar et pour être tout à fait honnête ce lieu était l'un de ses préférés mais pas ce soir. le bar était déjà trop rempli, comme à chaque fois qu'elle se pointait à minuit. gigi, elle n'a rien à fêter en ce vendredi soir parce que gigi, elle n'est pas en week-end. elle n'est jamais en week-end. elle doit bosser pour divertir les gens qui sont eux en week-end. et les vendredis, gigi, on ne voit pas sa tête avant vingt-trois heures au plus tôt. douce enfant de la nuit qui projette des histoires aux âmes cinéphiles. elle vient de recevoir une nouvelle bobine : 'a nightmare on elm street 3 : dream warriors'. c'est nouveau ça vient d'sortir. la première projection avait eu lieu il y a deux jours et la salle était comble. tout le monde à envie d'se faire peur et tout l'monde a envie de connaître la suite de freddy. grand soleil pour les finances.

difficilement, elle se faufile vers le bar. la promiscuité avec les gens est au-dessus de ce qu'elle est capable de supporter. ses yeux noirs sont presque assassins. mais, maintenant qu'elle est là. elle n'a plus qu'à prendre une bière – super.

elle agite sa main pendant quelques secondes - ressenti : quinze minutes.
avant qu'un barman se tourne vers elle

- une bière. qu'elle crie à deux reprises.
elle mime le un avec son doigt qu'elle tend dans les airs.

elle pose sur le comptoir un billet volé dans sa caisse quelques heures plus tôt.
gigi, elle est impolie. elle attrape son verre sans dire merci.

elle ne va pas s'éterniser très longtemps. demain matin, ils vont dans la forêt et gigi a besoin de rêver de l'arbre magique. c'est son obsession depuis un an maintenant. l'arbre le matin, l'arbre l'après-midi, l'arbre après-minuit. et lorsqu'elle veille jusqu'au petit matin, l'arbre n'est jamais au rendez-vous. elle aurait dû rentrer chez elle, mais elle n'est pas capable de dire non à candy. elle finit toujours par céder à ses caprices.

elle se détache du comptoir lentement, quelques coups d'épaules et sa bière qui s'renverse.
- putain qu'elle lâche la mâchoire serrée

journée terminée, les pas lents qui traînent pour enfin sortir du commissariat. il déboutonne le t-shirt de son uniforme, ce qui lui donne l'impression d'enfin pouvoir respirer. la journée n'a pas été trop compliquée. il a été sonner chez madame wagner suite à un appel de sa part, se plaignant du bruit que faisant son voisin et l'accusant de faire des choses louches sans en connaître la nature. vieille dame, lui arrivant au dessous de son épaule, son chien grognant derrière elle. en tant que gentil homme, il a fait mine de prendre chaque informations données afin de les garder précieusement avant d'ajouter, avec une voix rassurante et plus douce : j'irai le voir dans le courant de la semaine, mme. wagner. promesse qu'il tiendra, évidemment. trop bon pour nier les avertissements d'une vieille dame. il fera son possible pour la rassurer. parce qu'il est comme ça finneas : trop bon, trop con. depuis son entrée à la police, ses journées sont au moins remplie d'une promesse faite à une vieille dame ou à un vieux monsieur, ou encore même à un enfant. il utilise sa bonne image pour faire le bien là où il sait qu'il a commis le pire.
après avoir réchauffé ses restes dans le micro-onde et les avoir englouti d'une traite, le garçon s'en est allé prendre une douche et se débarrasser de son uniforme. il a profité de l'eau chaude ruisselant sur sa peau, a shampouiné ses cheveux et quelques minutes plus tard, il était sorti avant d'enfiler une serviette autour de sa taille. au hasard, il opta pour un t-shirt et un pantalon dans l'idée qu'il allait sortir cette nuit. ne commençant pas le boulot trop tôt demain, il pensa que sortir était une bonne idée, histoire de s'aérer l'esprit.
c'est ainsi qu'il se retrouve au blues and brews. à peine rentré, la fumée de cigarette frappe son visage et la rythmique d'une musique vint à bercer ses oreilles. rapidement, le brun se fraye un chemin jusqu'au bar. les épaules s'entrechoquent, les personnes se bousculent. tout n'est que bordel et bousculade. lorsque son épaule en rencontre une autre, il croit entendre une injure dépasser les lèvres d'une belle. assez vite, il pense reconnaître la voix. un sourire se dessine sur ses lèvres, sourire qu'il vint à cacher bien assez vite. se redressant, il se tourne instinctivement vers la belle. il se souvient des derniers moments passés avec elle, de ces injures incessantes, de son regard meurtrier. il ne l'avait pas remarqué auparavant, mais maintenant qu'il sait qu'elle est là, c'est bien la seule personne qu'il remarque. on pourrait le bousculer, lui renverser une bière sur le visage, en bref, quoique ce soit, il s'en foutrait. parce qu'elle est là. il a appris à la connaître, mais encore aujourd'hui, il ne sait que faire quand il la sait en colère contre lui. lui vient en pacifiste, n'a nullement envie de l'emmerder ou de se disputer. lui est là pour se détendre, boire un coup et oublier la semaine fatigante qu'il vient de vivre. gigi. hey. soufflé tout simplement, espérant que sa voix se fera plus forte que la musique dans le fond. sa voix est douce, mais il continue de se maintenir et ne veut montrer la joie qu'il ressent rien qu'en la croisant dans ce bar. alors, il reste secret, n'en dit pas trop et teste la température.

d'un mouvement brusque, elle se retourne vers le coupable prête à lui jeter toute sa colère à la gueule. soyons clair, elle allait l'allumer comme jamais – il était la cible parfaite pour vider son sac de toute cette fucking journée qui ne semblait pas vouloir s'terminer. pourtant, gigi reste silencieuse. elle ne dit rien, absolument rien. elle sert légèrement son verre comme pour essayer de s'contrôler parce qu'elle le sent bien que le reste de son corps commence lui, à faire n'importe quoi.

il y a le cœur qui s’accélère au point de ressentir chaque pulsation dans ses tempes.
il y a la respiration qui devient irrégulière.
il y a l'estomac qui s'serre.

gigi reste silencieuse parce qu'elle vient de découvrir qui venait d'lui rentrer dedans. ce putain de finneas brekker. qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire pour qu'son karma s'foute atrocement d'sa gueule de la sorte ?

vraiment, il ne manquait plus qu'ça.
il ne manquait plus qu'ça pourtant lorsqu'elle a croisé son regard, y'a un sourire en coin à peine perceptible qui était apparu sur le bout d'ses lèvres parce qu'à chaque fois qu'elle voyait finn, ça lui faisait ça – les sourires aux lèvres.

- tiens brekker, t'es pas mort ?
haussement de sourcils, de ceux qui prennent de haut, de ceux qui disent how dare you?

elle l'appelle par son patronyme pour mettre de la distance, parce qu'elle est encore en colère contre lui. parce que ça fait deux semaines qu'ils ne se sont pas vus et la seule chose qui sort de sa putain – mais fucking belle – bouche est un vulgaire 'hey' really? elle pensait qu'elle valait mieux qu'un 'hey' vraiment.

deux semaines d'un silence radio pesant,
à cause de lui,
à cause d'elle et de son orgueil mal placé

- on peut savoir c'que tu fous là ?
le ton exige une réponse qui s'accompagne d'une raison valable

gigi est orgueilleuse à en crever
et avec finn, elle laisse son défaut s'exprimer à outrance
peut-être que c'est sa façon à elle de lui dire qu'elle tient un peu à lui – quand même.

deux fucking semaines
avant, ça lui aurait rien fait mais aujourd'hui deux semaines c'était comme l'enfer sur terre
mais plutôt crever que d'l'avouer
c'était un peu de sa faute, c'est souvent la sienne en fait
mais elle dit toujours que c'est à cause de finn
parce que c'est plus facile

ils se sont pas vus depuis deux semaines, aperçus dans les rues de loin un peu mais c'est tout

gigi, elle attend qu'il revienne avec son sourire et son rire
gigi, elle attend qu'il fasse le premier pas, comme à chaque fois

mais finn, il revient de moins en moins souvent avec son sourire et son rire
finn, il fait de moins en moins l'premier pas
et gigi ça lui fait si mal au cœur
que ça la rend exécrable.
petite conne

@finneas brekker