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 (albrecht) la horde de deux

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MessageSujet: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyDim 1 Mar - 20:09

t’as encore le cul planté sur une des banquettes du dîner. ce soir, t’y restes jusqu’à la fermeture, mais t’as refusé la moindre tasse de café. pour t’occuper, t’as ton bloc-note et tes idées. sur les feuilles, y’a des paragraphes à corriger, des ratures, des visages horrifiés. ton stylo se meurt sculpté entre tes dents, parce que t’as plus de frites à mâcher. tes cigarettes se sont volatilisées et le coupable ne s’en est même pas caché. ton père et cette manie qu’il a de prendre soin de toi. il faudra ruser et en racheter, même si avec ta dégaine, on te vendrait n’importe quoi. t’as le regard du type qui a tous les vices. homme avant l’heure.

de l’autre côté du mur mitoyen se trouve ton gagne-pain. quand t’arrives, il ne reste que les collègues que tu ne croises pas. ceux qui ne disent rien quand ils s’en vont, quand ils te laissent seul aux commandes de cette machine qui ne s’arrête jamais. t’as pas besoin d’aide à en croire le gérant. cet endroit, il est un peu comme toi, il ne dort pas. mais il somnole, ça oui. dans ton uniforme bleu et jaune, t’es le témoin de rien. tu entends le silence des néons qui ne chantent qu’un seul accord. ils finiraient par t’hypnotiser s’y tu y prêtais trop d’attention. t’es ce qu’il reste de plus vivant ici, alors qu’à l’inverse, dehors, tu es comme mort.
t’as tes petites habitudes, ça fait quand même trois mois. maintenant, tu connais bien l’endroit. adieux l’ennui des boucles sur l’allée trois et bonjour le septième visionnage de death warmed up! ce que tu aimes en regardant un film plusieurs fois, c’est découvrir comment reproduire au mieux ce que tu vois. l’art du gore t’échappe encore, t’as clairement pas ce qu’il faut pour que ça rende aussi bien. ni l’argent, ni le talent. mais tu t’en fous, t'analyses, tu mets en place des plans dans ta tête. au fond, il n’y a que la morale qui te bride. tu rêves que tes futurs films aient l’air si vrais qu’on se demandera si-

la porte s’ouvre, ta tête se lève. t’en as pas grand chose à faire, mais c’est si rare que ça te surprend à chaque fois. une demi-seconde d’attention, c’est tout ce que tu offres à ce type qui s’est probablement perdu. t’en reviens à ta séance et à ton paquet de cacahuètes piqué sur le présentoir à snacks, bien décidé à ne rater aucune de tes scènes préférées.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyDim 1 Mar - 22:06

C'est dur de se montrer à la vue de tous, hein Albrecht.
C'est dur aussi de croiser la face des miroirs, de répondre à son reflet, de savoir que ce physique vilain et trop évident n'appartient à personne d'autre qu'à soi. C'est dur aussi de sortir et marcher sur la pointe des pieds comme si un moindre bruit allait réveiller le loup.

Il aimerait bien que ce soit plus facile parfois, Albrecht. Des fois il a même l'impression que les rayons du soleil eux aussi ils sont des ennemis, à le pointer avec toute leur lumière. Aah... C'est à se demander comment ils se sentaient dans les camps, ces amis polonais.

La capuche sur le haut du crâne. Des baskets blanches bien lacées, pour courir si jamais. Un manteau qui a l'air de le rendre plus épais. Jean bleu délavé et un peu troué, parce que c'est super tendance. Parce que ça lui donne un tout petit peu plus confiance en lui. Edelstein, il s'enfonce dans le noir nocturne, rase les murs et évite les sources lumineuses. À cette heure-ci, il n'y a plus grand monde.

Un peu plus loin là-bas, il progresse, et puis il pousse la porte du plat de sa main. Il fait bien attention à garder sa capuche Albrecht, mais aussi à lever les yeux pour s'assurer qu'il n'y a personne qu'il connaîtrait. C'est vraiment le pire, ça. Se retrouver dans un lieu qu'on aime, avec la présence de gens qu'on déteste.

À l'entrée, il croise un regard. Un type, sans doute plus grand que lui. L'air jeune qui s'affûte par la pop culture lui aussi.
Albrecht ne sait pas ce qu'il doit faire. S'il doit sourire. Dire bonjour, ou bonsoir. Ignorer et passer son chemin. Est-ce qu'il a l'air louche avec sa capuche ? Il a pris son sac à dos avec lui.

- Salut...

Et vite il se dépêche de fondre dans le fond des rayons en un éclair.
Il fait mine de s'intéresser normalement aux étalages de VHS, pour que le type de la réception le lâche des yeux. De toute façon ça n'a rien d'inhabituel un client, non ? Même à cette heure-ci, hein ? Albrecht, il reprend un peu son calme. Une déglutition bruyante fait sauter sa pomme d'Adam, et puis le voilà à reprendre ses recherches. Qu'est-ce qu'il était venu faire ici déjà ? Un film, mais lequel ? Trop, il y en a beaucoup trop.

Alors il reste planté là, pendant des minutes entières. Ses pupilles extatiques qui rebondissent sur les milliers de jaquettes, à ne jamais savoir sur quel titre s'arrêter.
C'est quoi la grosse tendance du moment ?
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyDim 1 Mar - 23:34

l’individu file comme une ombre, t’as même pas capté son visage. c’est peut-être une tronche que t’as déjà vu, mais t’en sais rien. t’es trop peu intéressé par ce qui se passe au-delà de ton écran que s’il repartait des boîtes sous sa veste, tu serais pas foutu de l'interpeller. t’allais vraiment rattrapé la cacahuète de t’as envoyé en l’air cette fois, t’en aurait oublié les trois qui se sont rétamées par terre. mais ta bouche ouverte se décale au pire moment, la porte s’est encore ouverte et t’a fait bougé instinctivement. elles sont quatre maintenant.
un grand type, large, chemise de bûcheron, casquette bleue, les bras chargés. sur le comptoir, il pose une pile de vhs, s’excusant du retard. une semaine, ça fait sept jours. il devrait payer une compensation, mais merle, t’as pas vraiment envie d’embêter le monsieur. quelque chose te dit qu’il ne serait pas d’avis de sortir son portefeuille. « vous souhaitez louer autre chose aujourd’hui? » tu demandes en récupérant sa carte de membre, parce que c’est pour ça que t’es payé.

le silence se fait long, alors tu te décides à lever la tête vers lui. il regarde dans le fond et tu perçois une certaine tension. d’un coup, il se met à parler fort, comme si t’étais dur de l’oreille. « on accepte les merdes nazi ici? » tu devines que c’est pas pour toi, mais sur le coup, tu comprends pas. t’oses un oeil à l’autre client et là, ça s’éclaircit. « tous nos membres sont les bienvenus. cependant si vous ne comptez pas louer d’autres films aujourd’hui, je peux vous suggérer de revenir jeter un coup d’oeil à nos nouveautés le mois prochain. » t’as le ton du gars ennuyé qui lit son texte et c’est peut-être ça qui sauve la situation. il croit peut-être que t’es fatigué, ou que t’es un crétin. en tout cas, t’as l’air si peu sérieux qu’il ne trouve pas comment t’en vouloir. « ton patron entendra parler de ça, crois-moi. » t’as envie d’hausser les épaules, mais tu te retiens de le provoquer, c’est la mauvaise idée. « votre carte... » tu la brandis alors qu’il s’apprête à passer la porte. « jettes la, je remettrai plus jamais les pieds ici, ça empeste trop le collabo. » il s’en va et toi tu restes là, la carte entre tes doigts.

finalement, tu te rassoies et puis t’observe brièvement celui qui essaie encore de disparaître alors que tout le monde sait maintenant qu’il est là. t’ajoutes rien, tu te contentes de regarder ce qu’il fait, ce qu’il va faire après. t’es curieux. t’as les infos, mais pas la réaction. tu sais pas ce que c’est d’ailleurs, la réaction. la bonne réaction. celle que t’es sensé avoir là maintenant. parce t’as pas envie de lui hurler “nazi” ou “collabo” toi. alors tu dois faire quoi?
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyLun 2 Mar - 9:57

C'est fou que même encapuchonné et emballé dans sa veste rembourrée comme ça les gens ils arrivent quand même à flairer ses origines. Collé à sa peau, c'est.
Albrecht, le cœur qui bat à tout rompre, relève un pan de son manteau. Et il renifle. C'est quasi viscéral tellement il a l'impression que oui, c'est imprimé dans tout ce qu'il touche, ce parfum d'horreur et de sang. Fringues, nourriture, l'oxygène qui frôle sa carne blanche. Tout est imprégné de mort.

Ses lèvres sont fermées par un silence terrorisé.
"Mais non, je suis sûr que c'est pas de moi qu'il parle..."
Il voit pas qui a crié au collabo, mais il a pas besoin de voir en fait ; l'echo qui gronde est si fort que ça claque, ça continue de résonner jusqu'à son battant qui frappe frappe frappe.
Pourtant un nazi y en a qu'un seul dans ce vidéoclub. Un seul, et c'est lui.
Les gens ont fini par le persuader qu'il en était un.

Pendant que quelque chose crève en lui, immobile et collé sur place droit comme un i, il écoute cependant l'échange qui se profile à l'entrée. Le type de tout à l'heure (ça a l'air d'être lui ! Albrecht avait pas entendu sa voix jusqu'à présent) dévie la conversation, essaye ou pas d'aplanir la rage qui crépite partout dans l'air. En tout cas il a pas l'intention d'attiser le feu de la rancœur et ça Edelstein le sent.
Porte qui claque.
Tellement fort que le cardiaque d'Albrecht aussi. Ça lui a fait mal comme si le coup était tombé en plein sur sa nuque.

Dans ses pompes il a rétracté le bout de ses pattes, tentant de creuser à travers la semelle à la recherche d'une issue ou d'une tombe dans laquelle se réfugier. Rien de tout ça pourtant : un gros silence s'ensuit et Albrecht se demande si ça vaut encore la peine qu'il soit là. Son film, il l'a toujours pas choisi. Et de toute façon il sait pas s'il se sent encore capable de faire un choix : l'esclandre qui a eu lieu juste là, c'est sûr que ça a déjà dégradé toute son image auprès du seul mec qui avait l'air de ne pas encore l'avoir stigmatisé.

Bredouille, les mains vides, le regard aussi, il attend encore mais au plus ça passe et au plus il dirait que les caméras zooment sur sa gueule.
Finalement ça devient trop dur. Il se retire, retourne vers l'entrée, la capuche toujours clouée sur la caboche. Faux sentiment de protection.

Sa voix, presque imperceptible tellement elle est soufflée bas, lâche des miettes en vocables.

- Désolé. Je reviendrai pas.

Sinon, ce gars-là pourrait avoir des problèmes.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyLun 2 Mar - 11:07

l’empathie met toujours un temps fou à arriver. t’as tendances à simplement penser que “c’est dommage” sans vraiment te mettre à la place des autres. là, c’est encore pire. t’as vraiment aucune idée de ce que ça te ferait d’être traité comme ça. les gens qui ne t’apprécient pas sont nombreux, mais ils passent leur temps à t’éviter de peur qu’un beau jour, quand tu perdras définitivement la boule, tu ne viennes pas pour eux en premier.
du mouvement. le boche se décide à sortir de sa cachette et non seulement tu le vois à présent, mais tu l’entends également. cet accent qui ne s’était pas encore montré et qui te prend de court. ça te change, t’es pas sûr de l’avoir déjà croisé dans ta courte vie. aussi tendu et paniqué soit-il, il a quelque chose de marrant. Sauf que toi, tu donnes pas l’impression d’avoir envie de rire, jamais.

Tu l’aides pas à faire cette tronche, mais tu te réveilles quand même, parce que t’as un vilain pressentiment. « je serais toi, j’attendrai avant de sortir. » ou peut-être que tu l’as simplement vu, ce pick up qui ne bouge pas sur le parking. que tu n’as pas entendu le moindre moteur depuis que l’ours est reparti. demi-tour sur ta chaise, tu te penches pour voir par-delà la pile de films toujours là. « dehors, j’pourrai plus rien pour toi. » et t’as un peu de mal à croire qu’ici, c’est grâce à toi qu’il est en sécurité. mais c’est le cas. ou plutôt, grâce à ce nom sur ton badge, sur lequel, le regard de cette brute a longuement insisté. t’oublies trop souvent qu’à stevenson les choses sont différentes pour toi. dans les grandes villes, tu passes inaperçu, mais les choses ont changé. c’est comme si d’un coup, tout le monde savait qui tu es, comme si du jour au lendemain, t’étais devenu quelqu’un d’important. tu l’es pas. t’es une fraude. mais pour ce blond, c’est presque un miracle que tu te sois trouvé là.

tu coupes la pile en deux et attrape une première boîte que t’ouvres sans attendre. tu sors du magnétoscope le film qui stagne en pause depuis un bon moment. à l’arrière, il a une machine à rembobiner, mais t’as pas envie d’y aller. t’y mets rarement les pieds, t’aimes pas cet endroit. c’est étroit, ça te rappelle cet incident au collège, quand on t’a enfermé dans le placard à balais. t’es peut-être devenu un peu claustrophobe depuis. t’insères la première cassette et c’est parti pour un festival de marches-arrières.

mais, où sont passé tes cacahuètes?

« l’enfoiré... » oui, il a osé. ce type les a embarqué. tu devines qu’il a prévu de se les envoyer en patientant au volant de son véhicule, guettant le moindre mouvement, comme un animal en chasse.

tu rages. en silence. dans le calme. comme tu le fais tout le temps.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyLun 2 Mar - 13:05

Je serais toi, j’attendrai avant de sortir.

Cette remarque le frappe de plein fouet mais extérieurement, on ne le voit pas.
Pourquoi attendre ? Qu'est-ce qui se passe dehors ?
Ça Albrecht ne veut pas le savoir. Ou bien il le saura, avec des bleus, une lèvre en sang, un œil au beurre noir. Peut-être davantage. Parce que les Edelstein sont prêts à tout pour se faire pardonner, et pire : se faire aimer, les profiteurs ne doutent jamais de pouvoir leur soutirer les services les plus humiliants. Et ça, sûr que le garçon et ses ondulations blondes sur la tête ne sauraient dire non.

Sa bouche reste cousue de silence. Peut-être un soupir qui perce ses poumons, mais c'est si discret que ça non plus on ne voit pas. Poings enfoncés dans ses poches, le plus loin possible, il regrette déjà de s'être dit que c'était une bonne idée de sortir, même à cette heure-ci. Dans le fond, soleil comme lune ne lui garantissent rien. Si vivre est contagieux, alors Albrecht est malade depuis la naissance.

Que faire. Rester sur le palier, bras ballants, aucune cassette avec lui ? Même ça il est pas sûr que ce soit bien vu, Edelstein. Pourtant ce type, juché derrière son comptoir, la mine ni sympathique ni agressive, lui intime implicitement qu'une sortie là maintenant tout de suite c'est la lapidation assurée.

- J'suis désolé...

Encore une excuse. Et pourquoi cette fois ? Il sait pas. L'accent à couper au couteau qui roule pas sur le palais, qui racle un peu, qui sort du fin fond de la gorge comme un jeté de pierre. Même l'enseignement de papa et maman pour se débarrasser de ces réflexes ancestraux, ça marche pas.

Le type, il fait cracher au magnétoscope sa VHS, sans que l'allemand ne comprenne pourquoi. Finalement il voit que c'est pour remplacer le film par un autre, mais dès les premières images qui défilent dans le sens inverse, Albrecht ne reconnaît pas la projection qui va du futur au passé. C'est même curieux comme geste, après un avertissement genre : "tu sors, t'es mort". Alors il reste là, lanière de sac un peu glissante sur l'épaule, le visage froissé d'incompréhension.
Une injure destinée à l'attention du bûcheron de tantôt, mais si c'est pas pour défendre le cas nazi d'Albrecht, alors il ne sait pas pour qui elle est.

- Tu... C'est quoi ? Le film.

Il balbutie -- il ose ! L'air hagard, interrompu. Mèches blondes qui vrillent son front. La capuche, toujours. Son accent, tout le temps.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyLun 2 Mar - 14:48

t’avais prévu qu’il reste, mais pas qu’il se mette à te parler. on récolte pourtant bien ce qu’on sème. ton conseil a dû lui sembler trop aimable, quelle veine. ça t’embête. tu parles pas toi, enfin pas comme ça. pas à des gars que tu connais pas. tu sais même pas si ce qu’on dit est vrai. les cours d’histoire ne t’ont jamais passionné, mais t’as les bases. oh et puis merde. qu’est-ce que t’en as à battre, toi, que ce soit un collabo? tu vas pas changer le monde en refusant de lui adresser la parole. t’effaceras pas non plus ce qu’il s’est passé dans ces pays que tu connais même pas. c’est juste un type qui s’excuse d’être passé par là. c’est tout ce que tu vois et c’est très bien comme ça.

t’hausses une épaule, l’air de rien en lui jetant un rapide regard. tu le feras pas plus culpabiliser et puis t’en veux plus à l’autre voleur qu’à lui. il a l’air un peu plus détendu, quoi que. mais au moins, il n’essaie plus de se cacher. t’iras pas jusqu’à dire que t’es fier de toi, même si t’es content pour lui. façon de parler. être content chez toi, ça veut pas dire grand chose. ça s’exprime pas, donc en soi, ça n’existe pas? mais tu le sens, y’a un semblant de satisfaction quelque part en toi.

« hmm. » ta tête se retourne vers la boîte dans le coin. « cobra. » tu la déplace sur le comptoir pour qu’il puisse la regarder à son tour si le coeur lui en dit. en balayant les titres sur les tranches des autres vhs rapportées, t’en viens à une conclusion. « il espère peut-être se changer en stallone un jour. » t’exagères, mais y’a que des films d’action dans le lot. des gros bras qui cassent des tronches. c’était si prévisible, t’aurais du t’en douter en le voyant arriver. c’est parfois un jeu auquel t’aimes bien jouer quand tu t’embêtes, deviner le genre de film qu’apprécient les autres. ça peut se lire sur un visage, dans une dégaine, à un ton employé. le tout c’est de bien étudier. mais ça fait quelques secondes que t’essaies de savoir c’est quoi son genre de films au boche et t’en as pas le moindre idée.
« sympa ton froc. » ça parcontre, tu l’as remarqué. faut dire que tu les portes comme ça aussi. d’ailleurs, ton père n’en peut plus de te voir zigouiller tes jeans tout neufs. c’est pas très commun dans le coin, mais là d’où tu viens, ça s’est vite répandu. ça vient peut-être d’europe au final? quoi qu’il en soit, tu lui montrerais bien tes exploits si t’étais pas sapé comme un clown à l'heure actuelle. t’aimes pas cet uniforme qui te ressemble pas.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyLun 2 Mar - 16:36

C'est pas sa faute Albrecht s'il voit une ouverture dès qu'on lui crache pas à la gueule. Il fait pas non plus exprès de vouloir espérer quelque chose de plus quand on l'a pas encore dégagé. Pas plus que c'est volontaire, cet éclat timide qui vacille dans le fond de ses pupilles céruléennes. Un éclat crevé mais toujours à chercher le bien chez les autres, dans l'attente que quelqu'un lui dise enfin que tout ça, c'est pas sa faute. Non, y a rien qu'il fait exprès de faire, Albrecht.

Cobra ?
C'est quoi. Il connaît pas. Qu'est-ce qu'il connaît Albrecht, dans les typo qu'il a vues défiler sur les rayons ? Finalement, pas grand-chose. Lui ce qu'il aime bien, c'est les vieux films. Secrètement, même si c'est ringard, il aime bien passer du temps devant les pellicules monochromes et parfois muettes. Il s'est déjà demandé s'ils voyaient tout en noir et blanc à l'époque, et comment ils ont réagi lors du passage à la couleur.

Une drôle d'impression se dégage de ce type derrière son comptoir. Lunaire, en dehors de tout. Mais que rien n'échappe.
Il n'a pas de nom. Enfin si peut-être, ça doit être ça qui est inscrit sur sa poitrine, épinglé sur son haut de travail... Au début il plisse des yeux Albrecht, mais ça ne se fait pas d'épier comme ça, alors il arrête.

Sur la couverture de la VHS, c'est Stallone qui se découpe dans un fond rouge. L'air vaillant, prêt à protéger un peuple. Ou à le détruire. Ray-ban sur le nez, arme levée au poing. Au dos de la jaquette, les doigts du blond s'attardent sur un résumé qui fait entendre les balles de plomb et les effusions de vermeil. Non, ça c'est un film qu'il a pas vu, Albrecht.
Pendant un court instant, il se dit que ça doit être bien de regarder ça avec les copains, pendant une soirée avec les pop-corns et les sodas.
Un fantôme de sourire lui traverse les lèvres.

Puis un compliment inattendu s'immisce dans la conversation.

Machinalement, il baisse des yeux pour se regarder lui-même comme si ses sapes étaient couvertes de crasse. Ses joues se fardent alors d'un pourpre léger en comprenant que le compliment est réel.
- Hein ?... Ah... Merci.
Il ne sait pas trop quoi ajouter. C'est beaucoup, comme événements inhabituels. Albrecht n'avait pas prévu d'en rencontrer autant ce soir. Aussi s'en remet-il à un réflexe naturellement humain qui est celui de dévier le sujet.
- C'est bien ça, Cobra ? Je cherchais un truc à regarder.

Venant d'un homme qui a crié au nazi juste avant, peu probable que ce soit une projection qui plaise à Edelstein, qui a surtout lancé la question dans le but d'embrayer sur un semblant de discussion. Il est rare qu'il puisse en entretenir une sans que son interlocuteur ne soit influencé par les rumeurs, les on-dit et les horreurs. Et au-delà du fait que l'occasion de sociabiliser avec quelqu'un se soit présentée, il sait aussi pertinemment qu'une fin de conversation prématurée le pousserait à aller voir ce qui l'attend dehors. Un autre ballet de sang.

Temporiser.

- Peut-être qu'on pourrait le voir à deux ?
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyMar 3 Mar - 17:56

anesthésié des émotions, ton compliment sans intonation, tu l’imaginais déjà être reçu comme du sarcasme. il te faut du temps pour comprendre. pour réaliser que t’as fait plaisir à quelqu’un. mais là encore, aucune réaction. ton vis-à-vis s’exprime pour deux pendant que tu t’accroches encore à ton rôle de spectateur. on hésite souvent à t’adresser le moindre mot pour cette raison. tes prunelles sans âme mettent mal à l’aise.
« p'tet bien. » une réponse trop honnête que ton manager n’a pas intérêt à entendre. c’est que t’en sais trop rien, t’as jamais vu ce film autrement que comme ça. dans sa boîte. en rayon. d’autres films se partagent ton attention et bien souvent, tu prends pas la peine de t’intéresser aux autres.

t’allais reprendre ton boulot de rembobinage quand une suggestion sortie de nul part stoppe tes mouvements. t’es étonné puis tu relativises. tu la considères silencieusement, tes yeux sur l’écran quand le bruit et les images s’arrêtent. t’attends que le premier logo se joue, ce que t’es pas vraiment sensé faire, mais t’es encore en pleine réflexion. « ok. » tu réponds sans t’étendre, récupérant ta casquette pour la visser sur sa tête. tic de réalisateur. « prend un truc, mais c’est toi qui régales. » du doigt, tu pointes un présentoir plein de cochonneries devant le comptoir, des pop-corns, des sucreries et les soeurs de tes précieuses cacahuètes dérobées. pendant ce temps, t'amènes l’espace du guichet. tu sors la seconde chaise de sous le comptoir avant de retourner la tienne pour installer tes avant-bras sur l’accoudoir.

« t’as quelque chose à fumer? » tu chuchotes presque en te tournant vers lui. t’espères que oui. ça fait bientôt 18 heures que t’as rien eu entre les lèvres, ça te démange sec. t’es pas inquiet que quelqu’un débarque. cette nuit est trop bizarre pour ça. au final, t’es pas vraiment sûr d’être réveillé. tu t’es sans doute endormi, la joue sur la surface du comptoir et si ils se pointent, ils ne verront rien d’autre que ça. « c’est quoi ton nom le collabo? » ton menton se pose sur ton bras en le rangeant, après être aller titiller le bouton pour retirer la pause. ta blague est nulle. manque de tact. et t’as l’air d’en avoir rien a faire, comme pour tout le reste. t’essaies pas d’avoir l’air sympa. t’essaies pas non plus d’être méchant. t’as juste envie de savoir comment tu dois l'appeler et pour l’instant c’est le seul “nom” que tu connais.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyMar 3 Mar - 21:45

C'est pas grave si ce garçon est pas très expressif et pas très loquace.
C'est pas grave si les remarques jetées sont pas forcément choisies avec soin et que ça provoque un peu d'amertume chez Albrecht.
Non y a rien de tout ça qui est grave.
Au fond de lui il y a son battant qui se déploie comme un bouquet fleuri, trop heureux d'avoir quelqu'un à qui parler. Quelqu'un qui ne soit pas papa, pas maman, pas un frère ou une sœur, pas la police, pas les gros bras, pas ceux qui crient au fascho.
Non, c'est rien qu'un garçon comme lui. Qui a pas un regard très éveillé et qui a même l'air de s'en foutre mais au moins c'est pas des yeux qui incendient tout sur leur passage.

- T'inquiète... J'ai ce qu'il faut.

Il dit ça avec un ton qui se gonfle d'assurance, Edelstein. Parce qu'il a envie de montrer qu'il peut faire des trucs lui aussi, qu'il en a dedans, même s'il s'agit seulement de partager les denrées.
De sa poche de jean déglingué, il en sort une poignée de dollars. Des dollars rouillés, de tous les diamètres et de tous les horizons possibles.

Les pop-corns, ça il a vu. Les sodas aussi, alors il en pioche deux canettes Pepsi, une pour toi et une pour moi, et puis des Skittles, des barres Reese's, Hershey's, un sachet de M&M's, cacahuètes comprises. Les sous, ils finiront à la caisse, ou dans la poche de quelqu'un d'autre. Il est content que ça lui serve ce boulot derrière l'évier, Albrecht. Même si on le voit jamais, même si personne veut voir sa gueule trop blanche et ses cheveux trop jaunes. C'est pas grave tout ça.

Pendant que son vis-à-vis s'attelle à arranger le matériel pour leur séance à eux, l'allemand plonge ses doigts dans une autre de ses millions de poches cette fois. Plus loin.
- Des Marlboro, ça te va ? C'est tout ce que j'ai sur moi.
Et il dira pas que certaines sont à son père.
Albrecht présente le paquet déjà éventré, au cas où ça intéresserait son interlocuteur. Interlocuteur qui demande maintenant après son nom. De collabo... Est-ce que ça aussi, c'est pas grave ? Albrecht n'est pas sûr. Le terme le secoue du dedans mais cette fois, ça a pas l'air vraiment méchant. Enfin il sait pas dire en fait, c'est dur de décoder quoi que ce soit de vivant sur le visage de ce garçon, franchement.

Les lèvres un peu tremblantes, il articule.

- Albrecht, c'est. Et toi ? Mais... je suis pas un collabo tu sais, c'est pas vrai.

Si, c'est vrai. Mais ça vient de papa et maman. Lui Albrecht, (d'ailleurs, est-ce que ce type saura prononcer ce nom sans trop bafouiller ?) il était même pas encore pensé que la ww2 était déjà terminée. Pourtant oui, le sang des victimes, il le sent tout le temps collé à sa peau comme si le meurtrier, ça avait été lui. Pourquoi d'ailleurs ? Est-ce que c'est un truc comme une malédiction ? Que jamais les Edelstein pourront trouver un semblant de paix à cause de qu'ils ont participé à laminer ces peuples par millions dans le caveau des fosses aux camps de concentration ?
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyMar 3 Mar - 23:41

« super! » l’image de ce paquet, ça t’a fait l’effet d’un shot d’adrénaline. on t’a rarement vu aussi enjoué, tu t’es presque froissé un muscle du visage à faire preuve d’autant de vie. ça retombe tout aussi vite cependant, une fois ta cigarette sortie de là, tu retrouves ta monotonie. ton briquet est à porté près du récipient à cartes. t’aimes joué avec quand tu t’embêtes et te brûler quand t’es agacé. la première taffe est libératrice. la seconde est nostalgique. tu fais disparaître l’argent du blond dans la caisse et tu te jettes sur les cacahuète.
« merci... » douce hésitation, tu le regardes en répétant dans ta tête “albrecht”. « al. » tu replaces ta clope entre tes lèvres comme un prétexte. t’as pas envie d’essayer. il va devoir se contenter de ça. « mer-le. » ça sort du coin de ta bouche encombrée. toujours les bras croisés, tu tends quand même ta main. s’il veut la serrer, c’est à lui de faire l’effort. s’il ne s’en donne pas la peine, t’iras pas le chercher. c’est déjà un exploit que tu te sois souvenu des enseignements de ton père, faudrait voir à pas pousser le bouchon trop loin.

stallone apparaît enfin sur votre écran de fortune. ça n’a rien à voir avec tes soirées sur le canapé à profiter de l’écran du salon, confort et pizza à volonté. mais ça a quelque chose de sympa. depuis que t’es à stevenson, t’as pas eu l’occasion de partager un film avec qui que ce soit. ça devait te manquer au fond, parce que tu te sens un peu moins vide à l’instant.
« t’inquiètes al. » tu reprends une taffe et fait de la place pour une poignée de cacahuètes. « j’sais même pas c’que c’est un collabo. » puis tu les verses dans ta bouche en faisant presque pas attention à celles qui partent s’écraser au sol. si t’oublies pas, tu ramasseras ton bordel. sinon, tu laisseras quelqu’un d’autre s’en charger. t’es moins payé que tout le monde, t’as le droit. et si tu l’as pas, tu le prends. parfois c’est comme si t’essayais inconsciemment de te faire virer. pourtant tu l’aimes bien ce job. tout est toujours si compliqué merle. c’est épuisant.

c’est comme avec ce film qui n’aurait pas dû t’intéresser et qui au final parvient à capter ton attention. t’ouvres ta canette sans te rendre compte qu’on avait pensé à toi. toutes ces choses que tu survoles et qui donnent la mauvaise impression que t’es pas assez reconnaissant. t’es tellement intoxiqué, si seulement ils savaient ce qui se balade dans ton sang. un tas de truc qui t’assomme le cerveau. « t’as déjà essayé de compter tes taches de rousseur? » ça te revient. tu voulais poser la question tout à l’heure à force de trop regarder sa trogne. « j’tiens mes comptes à 738. » t’as plus qu’un mégot que t’écrases sous le comptoir avant de la balancer dans la corbeille et ouvrir ton carnet de notes. derrière la couverture, une double page complète de chiffres entre 702 et 797. 738 étant celui qui revient le plus souvent, t’as décidé que c’était forcément le chiffre exacte des taches sur ta face. « j’fais ça quand j’m’emmerde. » t’es amis ont toujours trouvé ça étrange, mais t’aimes bien savoir ce genre de truc. ça t’aide à dormir tranquille.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyMer 4 Mar - 12:18

Merle.

Merle... C'est quoi ce nom ? Albrecht il a jamais entendu. Mais "Albrecht" c'est pas commun non plus ici-bas. Alors il a pas vraiment son mot à dire. Ni à prononcer vu qu'il arrive pas bien à faire rouler les syllabes sur son palais qui tranche les mots. "Mee -- -- le".

Une poignée de mains qui ne laisse pas indifférent Albrecht, et qui l'accepte puisque les paumes se joignent. Il hésite même à ajouter que c'est cool comme nom, sans trop savoir pourquoi. Un compliment c'est toujours bon à dire et bon à recevoir. Il en est la preuve. Mais rien n'est moins sûr avec "Mee -- -- le" qui a l'air de ne rien capter dans les mailles de sa conscience un peu fumée. Ou peut-être que si, il capte tout et garde très loin, très longtemps, mais personne ne peut le voir. Encore un mystère.

Les paquets de cochonneries sucrées pleins les bras, tout collés contre son poitrail de garçon pas très musclé, Albrecht rejoint Merle au comptoir, pas loin de la télé. Un nuage de fumée éclot partout à l'entrée, Marlboro qui se consume entre les lèvres de l'oiseau. (Albrecht ne sait pas que c'est un nom d'oiseau, en français comme ça, impossible de dire. Mais s'il savait, il dirait que c'est très beau.) L'allemand inhale passivement les toxines, trop habitué à l'odeur pour en avoir reniflé beaucoup de fois lui aussi. C'est apaisant, ce globe blanc opaque qui les protège des yeux curieux.

Merle il sait pas c'est quoi un collabo. Est-ce que c'est une blague ? Ou il dit ça pour faire plaisir ? Non faire plaisir ça a pas l'air d'être son genre. Peut-être qu'il ne sait vraiment pas c'est quoi alors. Albrecht préfère ne pas expliquer de quoi il s'agit, ça pourrait donner de mauvaises idées. Et il a pas envie de perdre déjà Merle qui pourrait être un super copain.

Tout du long de la projection, les paupières du blond battent au rythme des luminescences de l'écran. Il est un peu distrait, absorbé mais pas forcément par le cœur du film. C'est plutôt le fait de partager un moment avec quelqu'un d'autre qui le met dans cet état, pour lui c'est très intime. Aussi la tendance de son myocarde tend à s'accélérer, cette forme de promiscuité qui lui est inconnue.

- Non j'ai pas compté. Il y en a trop.
Et il perd tout le temps le compte de toute façon. C'est pareil qu'énumérer les fissures dans un mur, un plafond ou un sol. Il finit toujours par compter deux fois, ou oublier l'une d'entre elles. Pourtant il aime ça de compter, l'allemand. C'est peut-être dans le sang.
- C'est beaucoup 738. Combien de temps ça te prend ?
Son attention sort un peu de Cobra, davantage intéressé par les mots de son homologue. Mais bon tout ce qu'il pourra bien dire aura quoi qu'il arrive l'écoute d'Albrecht. Et pendant qu'il croque dans sa barre chocolatée, mâchoire qui broie la tambouille sucrée, il hausse des épaules.
- J'ai jamais aimé les miennes. Mais sur toi ça va je trouve.
C'est même joli.
Y a pas grand-chose qu'il aime chez lui Edelstein. Sa crinière de paille et ondulée, sa face d'albâtre, ses yeux clairs à la pâleur bleutée. Dommage que c'est pas possible de se retoucher physiquement la gueule, parce qu'Albrecht ça fait longtemps qu'il aurait changé tout un tas de trucs.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyMer 4 Mar - 15:49

pourquoi lui avoir demandé ça subitement? c’est pas une question pertinente. quand on fait connaissance, c’est pas ce qu’on veut savoir dans un premier temps. t’aurais dû le questionner sur ses origines -même si t’as compris qu’il était allemand-, sur sa vie et ce qu’il en fait. mais non. les taches. les taches t’ont parues plus intéressantes que tout le reste. tu sors tes mirettes de ton carnet à sa réponse, pour vérifier ses dires. “il y en a trop”. c’est vrai que sur ce terrain, il rivalise avec toi. elles sont plus claires aussi, plus difficiles à dissocier les unes des autres. « hm. » tu marques ta courte déception. t’attendais sérieusement un chiffre pour une fois. t’hausses pour la énième fois les épaules en refermant tes notes. « ça dépend. parfois 20 minutes, parfois 4 heures. » peut-être plus, mais tu perds la notion du temps quand tu t’y mets.

tu te sens forcé de l’observer une nouvelle fois, parce que tu veux tenter de comprendre pourquoi il n’a jamais apprécié les siennes. l’air impassible, t’accueil son compliment comme si s’en était pas un. “sur toi ça va”. t’estimes que par définition, c’est quelque chose qu’il n’apprécie pas. ton regard s'assombrit malgré toi. ta molle figure en revient au film, mais en réalité, tu quittes le vidéo club et tu pars loin. « ma mère utilisait le pointillisme dans ses tableaux. si tu les voyais, j’suis quasi certain qu’tu changerais d’avis. » surtout les plus récents. à croire que plus elle allait mal et plus l’inspiration la gagnait. ta toujours été admiratif de son talent. tu comptais les points à mesure qu’elle peignait quand elle te laissait rentrer dans son atelier. “tu vois, c’est ainsi que je t’ai peint”. parce qu’on se moquait de tes taches, elle pensait qu’il fallait que tu le saches, tu faisais parti de ses oeuvres d’art.

ce tendre souvenir réussi à venir à bout de la glace qui saisit tes traits. tu souris presque, sous couvert d’une des scènes plus légère du film. d’une réplique tellement sérieuse qu’elle en devient comique. tu redresses d’un coup vers la porte. « ha. » on l’entend enfin, le moteur du pick-up stationné devant. et puis les phares, qui s’éloignent. « on dirait bien que t’es libre al. » vu l’heure, tu comprendrais qu’il s’en aille. cependant, t’es pas sûr d’en avoir envie. alors que tu préfères être seul, tu te rends compte que t’apprécies sa compagnie. il prend pas beaucoup de place, il t’oppresse pas. cette nuit est nettement plus agréable que celle de la veille. autant d’éléments qui viennent mettre en doute ta solitude bien aimée. t’oses rien dire. tu veux pas avoir l’air de le retenir. d’après ce que tu sais, c’est le meilleur moyen d’inciter les autres à te fuir.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyMer 4 Mar - 18:17

Qu'est-ce qu'il note d'autre dans son carnet, Merle ? Il compte sûrement plus que ses tâches de rousseur -- enfin c'est ce qu'il s'imagine Albrecht. Brièvement il a l’œil qui traîne au-dessus du calepin mais à la fermeture nette de celui-ci, il se ravise.
Lui, il écrit tout sur ses mains. Pour ne rien oublier. Si bien qu'à la fin de la journée, sur ses phalanges c'est tout un spectacle de couleurs marqué au stylo ou au feutre. Et ça grimpe jusque ses poignets, puis les avant-bras. On dirait des tatouages quelques fois, et ça Albrecht il aime bien. D'ailleurs il aime les esquisses qu'il voit déborder à ça et là de la peau à Merle. Mais là encore, il ne demande rien. Il pense que ce genre de question, ça se réserve aux gens qu'on connaît bien. Et Merle, Albrecht il le connaît pas encore du tout.

- J'aimerais bien voir à quoi ça ressemble, plein de points. Plus que sur moi. C'est joli ?

Il a levé ses prunelles bleues vers Merle, d'un air curieux et tout à fait attentif. Une peinture plus constellée que les imperfections sur la carne de l'allemand, oh ça oui ça doit se voir. Et la maman de Merle, à quoi elle peut bien ressembler ? Il imagine un Merle mais en fille. Et ça rend moyen bien.

Pendant que le film continue ses échos de balles et ses cris de Stallone (non décidément Albrecht est pas fan), c'est Merle qui décide que la voie est libre. Car Albrecht n'a pas fait attention à un quelconque ronronnement de moteur, ou des cônes de phares qui s'en vont. Lui il n'a vu que les volutes de fumée et la cendre au bout du bâtonnet. Avant que la tête ne parte se loger sous le comptoir.

Ça va être difficile de cacher la déception d'Albrecht. Oui il est triste, parce que pour lui c'est presque une invitation à sortir. Sans doute pas (enfin il sait pas), mais il se sent honteux et obligé de partir maintenant qu'on lui a dit qu'il pouvait. Et si sa présence gênait Merle, et qu'il ne s'en été pas aperçu ? Et si Merle le détestait déjà ? Et si...

- ... Je vais y aller alors.
Très, très dur à dire, ça.
- Désolé je vais pas te déranger plus. Merci pour le film.
À vrai dire, il a déjà oublié le long-métrage. Il n'a vu que Merle.
- Garde tout, c'est cadeau.
Les bonbons, le sucre, les cacahuètes, les emballages fluorescents, le chocolat. Tout.

Il essaye d'étouffer son embarras derrière un sourire tordu et pas heureux du tout. Enfin si, heureux d'avoir vécu assez pour vivre cette soirée, mais triste que la fin soit venue couper aussi rapidement. Peut-être bien que les meilleurs moments sont les plus courts, c'est vrai. Mais ça, autant de chaleur au cœur, c'est inédit pour lui. Dès qu'il sortira, ce sera la douche froide, le retour à la réalité. Loin des VHS, loin de ce royaume petit et ouaté, loin de l'inexpressivité de Merle et ses 738 tâches de rousseur.

Au moment de poser la main sur la poignée qui mène à la vraie vie, ce que le jour doit à la nuit, une dernière fois Edelstein tourne la nuque vers l'oiseau.

- C'était vraiment sympa. Tu... On se reverra ?
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyMer 4 Mar - 20:19

c’est joli?”. en vérité, t’as jamais trouvé de mot pour décrire les travaux de ta mère. rien ne te semble jamais assez approprié. ce que tu ressens quand tu t'égares dans ses toiles, c’est un sentiment familier. comme un vieux camarade, quelque chose qui t’accompagne depuis tout petit et qui te tient la main. tu dirais pas que c’est rassurant, c’est plutôt comme une habitude. une accoutumance. les critiques, eux, vivaient ses tableaux comme des agressions et des visions inconfortables. selon eux, elle peignait au fond d’un puit.
tu finis par hocher la tête. c’est joli, oui.

les films ont tous une fin. qu’elle soit bonne ou mauvaise, libre d'interprétation ou sans équivoque, abrupte ou qui traîne en longueur. celle-ci te laisse un goût amer. t’es secoué par la rapidité avec laquelle albrecht a pris sa décision. c’est comme s’il était déjà parti. encore une fois, tu ne réagis pas, mais cette fois, t’en as juste pas le temps. il t’en laisse pas le temps. « merci... » tu soupires en te levant, acceptant ses cadeaux pendant qu’il t’échappe. t’aurais peut-être dû dire quelque chose, n’importe quoi. “y’a pas le feu au lac”. ça. et puis tu l’aimes bien cette image. mais ça sort toujours pas. ça sortira pas. t’es reparti dans les rangs du fond, chez les spectateurs. si loin de l’écran que tu peines à suivre l’action. t’aimerais le mettre sur pause, faire un retour en arrière. tu peux pas.

« s’tu veux. tu sais où me trouver. » c’est comme un déclic. t’acceptes la situation. ton système efface un morceau de la bande. t’en oublies carrément de lui dire que tu bosses pas les jeudis et durant les week-end. il devra l’apprendre de lui-même. sans être fixé sur sa sincérité, t’attends rien de la suite. tu sais pas s’il reviendra. il n’a pas hésité à filé. quelque part, t’en es vexé. t’es pas censé faire attention à ça, c’est plus qu’habituel quand on est toi. moins de temps on passe à tes côtés plus ça te paraît normal.
tu retournes bosser sans lui faire tes adieux. t’as envie d’abréger ce moment, couper court à ce que tu ressens. retrouver ce que tu connais, ce qui te plait. t’es pas fait pour savoir ce que ça fait d’être délaissé. c’est pas ta place. seul ceux qu’on apprécie sont apte à celà.

tu fais pas parti de ces privilégiés.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyMer 4 Mar - 21:44

Il est parti avec un drôle de sourire flottant sur les lèvres Albrecht. Un sourire discret, presque invisible, mais qui se nourrit des souvenirs datant de quelques minutes seulement. Dans sa tête c'est à la fois frais et déjà très loin. En rentrant chez lui, nul doute qu'il gardera sa trouvaille pour lui tout seul, qu'il n'en parlera à personne et qu'il chérira ce soir-là comme quelque chose de vraiment très précieux.

- - -

Le lendemain est arrivé sans qu'il n'y ait eu de réel changement. Un point positif, c'est qu'il ne s'est pas fait agresser la veille sur le chemin retour. Qu'il a pu rejoindre la maison sans rencontrer le pick-up de quelqu'un qui veut sa peau, ou bien qui veut juste avoir un nazi de plus pour gonfler son palmarès personnel. Vous savez il y en a qui se font tatouer le nombre de leurs victimes sur l'épaule. Albrecht il en a vu des comme ça. Et il n'a pas envie de décorer le corps d'un autre.

Son écharpe enroulée autour du cou pour se protéger le museau, il est arrivé au travail avec ses affaires habituelles, et a enfilé la combinaison tablier/gants pour aller s'occuper de récurer la vaisselle dégueulasse de la clientèle du Diner.
Si au départ il aimait ça de faire attention à l'éclat impeccable des assiettes des verres des plateaux et de tout le chromé de la structure, maintenant ça l'endort de répéter à l'infini ces gestes de la main qui tourne pour restaurer la céramique et le fond des récipients. Il fait les choses mécaniquement maintenant, sans se poser de questions. Ses collègues de travail... Au mieux ils l'ignorent, au pire ils profitent de la présence du blond pour s'épancher sur lui quand le stress du métier se fait trop ressentir. Ou bien quand ils s'ennuient. Le patron, il dit jamais rien, même quand il est là en personne à traverser les cuisines. En fait, ça le fait rire aussi.

Très tard dans la nuit, et qu'enfin il peut quitter le Diner, Albrecht a un réflexe qui paraît normal pour quiconque ayant entendu ses récents battements de cœur : il se dirige vers le blockbuster video. Bien sûr sa marche est rapide, mais aussi timide. Il hésite parfois entre ralentir la cadence et se dépêcher comme si le lieu allait s'envoler. Comme si plus jamais ça n'allait être possible. Ses poings dans les poches, encombrés à tripoter les clés de maison, le paquet de cigarettes et les n'importe quoi qui traînent, tellement que ça le préoccupe.

Devant la porte, il n'attend pas et s'infiltre tout de suite dans cet antre des VHS, fief de Stallone et de tous ces héros qui plaisent aux gamins.
Quand il entre, tout est pareil. L'agencement des meubles, l'ambiance éclairée aux ampoules led, les rayons et leurs millions de cassettes, l'absence de visiteurs même. Tout est intact, sauf peut-être la tête de celui qui s'occupe de gérer les allées à cette heure-ci.

Il manque l'élément le plus important.

Un visage parfaitement inconnu occupe la place derrière le comptoir. Même les cristaux de sucre de la veille ont disparu, nettoyés. Et pas d'odeur de Marlboro non plus, ni d'emballage de barre chocolatée.
D'abord trop pris de court pour dire quoi que ce soit, son visage commence progressivement à faner de déception. L'allemand demeure interdit pendant plusieurs minutes. Trop longues, puisque son seul interlocuteur finit par briser le silence, agacé.

- Je peux t'aider ?
- Heu... Vous... Je cherche quelqu'un.
- Qui ?
- Un garçon. Il travaille ici.
- Pas ce soir en tout cas, c'est mon heure de service. Bon, c'est pour louer ?
- Non. Je... Désolé. Je repasserai.

Il repassera. Autant de fois que nécessaire. Jusqu'à ce qu'on lui dise que le bâtiment n'existe plus et que les VHS n'ont plus le vent en poupe. Et même après, Albrecht continuera de creuser après l'existence de l'oiseau noir.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyJeu 5 Mar - 0:25

fenêtre ouverte, tu t’es endormi. c’est ton père qui s’est alarmé du froid qu’il faisait dans ta chambre en fin de soirée. tu l’as pas entendu entrer, ni se prendre les pieds dans ton bazar. ton sommeil est profond, c’est ce qui arrive quand tu succombes d’épuisement. les résultats d’un rythme trop irrégulier. tu dors quand tu sens que c’est le moment.
une force invisible t’a sortie de ta torpeur en pleine nuit. tu te sens pas très bien. tes sens se font la guerre. personne ne coopère. t’entres dans la salle de bain les yeux fermés, fallait vraiment que t’ailles pisser. en revenant dans la chambre, t’ouvres à nouveau la fenêtre. ton torse nu s’écrase sur le rebord. tête et bras dans le vide, t'essaies du mieux d’exorciser l’engourdissement. il est à nouveau là. partout sur toi. t’as chaud, t’as froid. l’envie de se recroqueviller, de rentrer dans une boîte trop petite pour toi. et celle de vouloir s’étendre à l’infini. puis écouter attentivement chacun de tes os se craquer et sentir chacune de tes articulations se déboîter...

tu retournes dans la salle de bain. tu prends tes cachets. tu retournes te coucher.

parfois tu te sens plus fort que ça. t’aimes prétendre que tu l’es, mais ça marche pas. c’est ton défaut de fabrication, tu peux pas corriger ça.

« al bared? un autre réalisateur? » ton père a le chic pour créer des blancs assourdissants. y’a ce nom qu’il vient de lire, que t’écris de la main gauche sur une page de ton carnet. la droite tient un toast à moitié entamé. tu secoues la tête et mord dans le pain. « un collabo- » la bouche pleine, tu rayes ce nom, le réécrit en dessous avec une orthographe différente. t’entends ton père se demander qu’est-ce que t’as encore inventé, sans qu’il est à le faire. il lève les yeux au plafond. « c’est pas moi qui l’dis. » c’est pas ça. il doit manquer des lettres. ça sonne pas comme dans ton souvenir. mais son terrible accent t’empêche de l’articuler comme lui.
ton père réfléchit. c’est ce qu’il fait quand il regarde l’intérieur de sa tasse. « laisses. c’est juste un type. » tu rajoutes, avant d’avaler le reste de ton toast. « tu me déposes devant la bibliothèque? » t’enfiles ta veste et range ton carnet dans ton sac en même temps, pendant que le padre bloque sur ta demande. mais toi tu te dis que si tu dois trouver ce nom, ce sera dans un endroit comme celui-là.

alors t’as passé la journée à la bibliothèque à trouver un “albrecht”. quand t’as enfin réussi à l’écrire convenablement, tu t’es rendu compte du temps que t’as perdu. t’as déglutit si violemment que t’as cru que t'allais recracher ta pomme d’adam. des tas de montages laissé à l’abandon à la maison, une liste sans fin de lieux à re-visiter, mais tu te retrouves là, en tête-à-tête avec ce prénom qui te sert à rien. tu déchires la page, encore. encore. et encore. la bibliothécaire te dévisage, l’air sévère derrière ses énormes montures violine. tu balayes la table du bras et tout tombe dans ton sac, y compris ton carnet et ton crayon. le registre que t’as épluché est resté sur la table, toi t’es sorti.
t’as le temps d’aller manger avant ton shift. le temps de prendre un grand bol d’air, de se vider la tête et de se remplir les poumons. d’aller manger et d’aller bosser.

t’étais tellement prêt que t’es arrivé en avance. on te fait remarquer que t’as laissé un bordel monstre la dernière fois, t’es obligé de sortir un billet de ta poche pour qu’on te fiche la paix. t’as rien dit et tu t’es assis.

il y a un problème vite cerné. merle, t’es fatigué.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyJeu 5 Mar - 11:34

On se rend compte du rythme cyclique de Albrecht Edelstein lorsqu'il s'agit de mener sa vie à Stevenson.

Tenter de faire son trou... Après vingt-deux ans, il a pas vraiment l'impression que beaucoup de choses ont changé. Toujours des visages pour le maudire en silence quand il traverse les trottoirs. Toujours les nuisances qui planent au-dessus de sa tête, et s'il fait l'erreur de s'éloigner un peu trop des postes de police, alors là plus personne ne se retient de sortir les poings américains et les menaces de gangster. Mais bon, la flicaille non plus, elle est pas vraiment objective quand il s'agit des Edelstein. La famille fait même en sorte de ne jamais avoir à se plaindre auprès des autorités, sans quoi elle serait d'office cataloguée de coupable puisque évidemment, les nazis le restent pour toute leur vie. Jusqu'aux confins des descendances et bien plus encore.
Dans le fond, ils ne sont à l'abri que dans le terreau de leur maison déglinguée tout au bout de la ville. En tout cas, ils peuvent se targuer d'avoir la sensation d'y être protégés.

Albrecht au contraire, il dirait que le lieu le plus apaisant pour lui, c'est en-dehors de Stevenson. Loin vers les crêtes sylvestres, avec sa faune sauvage et sa flore humidifiée par la rosée du matin. S'il passe beaucoup de son temps libre en forêt, aujourd'hui ça n'a pas pu être le cas puisqu'il était de service toute la journée. Rebelote, passage à l'évier, eau brûlante à la vapeur trouble et collante. Les collègues de travail narquois qui mettent un point d'honneur à faire s'accumuler le plus de vaisselle sale possible. Car on sait que tant que le lavage n'est pas terminé, Edelstein ne partira pas d'ici. Et comme il est drôle de le voir s'affairer jusqu'à des heures indécentes.

Les rues sont déjà presque désertes lorsqu'il quitte les murs du Diner. Tant mieux, il préfère ne pas avoir à se méfier tout du long du chemin retour, que d'avoir l’œil aux aguets tout le temps, à filtrer les potentiels dangers à travers les tissus de sa capuche. Ce genre d'habitude finit par développer une forme de paranoïa chez vous, c'est mauvais.
Son parcours le mène fatalement jusqu'au devant de la porte du blockbuster video. Il s'arrête face à la porte, la pancarte tournée vers le mot d'ouverture. Ses poings logés au fond de ses poches, à grelotter de froid pendant que de la buée fuite d'entre ses lèvres et s'évapore dans l'air, Albrecht ne bouge pas. Il se contente de fixer la porte comme un tableau de la Renaissance, sans parole ni mouvement.
Sans jamais entrer.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyJeu 5 Mar - 18:47

ton dernier collègue s'éclipse, pendant qu’il incombe à toi la tâche de guider la seule cliente présente. elle est si vieille. tremble de toute part quand il s’agit de reposer ses lunettes sur son nez pour lire chaque synopsis et inspecter chaque casting. elle te tapote le bras en souriant. te sort parfois une anecdote improbable sur un des acteurs. t’écoutes d’une oreilles distraite. c’est pas que ça t'intéresse pas, mais au bout de la troisième fois, tu connais déjà l’histoire avant qu’elle n’ait à la raconter.
elle garde deux films dans ses bras et avance à son rythme vers le guichet. t’attends. heureusement que t’es patient.

une fois la transaction terminée, tu l’accompagnes jusqu’à la porte. en poussant celle-ci, tu tombes sur des mèches blondes et un albrecht planté là. t’es pas surpris. sa silhouette transparaît à travers les vitres de la façade. tu sais que ça fait un moment qu’il y a quelqu’un là. encore préoccupé par la grand-mère qui s’en va, tu lui offres un signe de la main pour lui souhaiter un bon trajet. ça t’inquiète un peu de la laisser partir comme ça dans l’obscurité, mais tu devines qu’elle se vexerait que tu lui reposes la question. elle t’a déjà bien fait comprendre qu’elle n’avait pas besoin de ton aide quand t’as insisté pour lui tenir la porte.
alors tu ne bouges pas et la regarde s’éloigner, pas à pas, lentement. « t’entres pas? » elle est encore sur le parking. t’as envie de calculer le temps qu’elle va mettre à disparaître. tu jettes un oeil à ton poignet, en relevant ta manche, et à ta montre. un objet sans valeur sentimental, mais qui vaut ton mois de salaire. juste un cadeau de ton père. celui d’un anniversaire. d’un jour comme un autre si ce n’est ces bougies qu’il a mit sous ton nez et ce gâteau que vous avez partagé. « on ferme pas avant la pause déjeuner. il te reste encore 10 heures et 23 minutes pour te décider. » elle est arrivée jusqu’au lampadaire qui borde la route, ton bras s’agite en l’air alors qu’elle te signe de la tête. « ‘fait pas chaud... » tu soupires en te réfugiant à l’intérieur, une main contre l’autre qui se frotte activement et ton souffle qui les entoure vainement.

sans te retourner, tu pars ranger le rayon dans lequel tu te trouvais. elle a tout mélangé et tu l’as laissé faire. des classiques qui dégringolent, qui se chevauchent, à l’endroit, à l’envers. le chaos.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyJeu 5 Mar - 20:47

La porte qui s'ouvre tout à coup, elle provoque un vent qui secoue les mèches d'Albrecht et son battant aussi.
Une vieille dame, des cassettes pressées contre sa robe de senior.
(ça regarde aussi des films, ces personnes là ?)
Et puis un autre visage. Que l'allemand reconnaît.

T'entres pas ?

Bah non, il entre pas Albrecht. Il se demandait même s'il allait le faire, et la porte s'est ouverte. Comme une invitation. Ou peut-être autre chose.
Pendant un temps Albrecht a cru manquer d'oxygène, mais c'était seulement la surprise.
- Je suis passé hier, mais c'était pas toi.
Y a pas de reproche dans ses mots, au contraire. Même pas besoin de lire dans les lignes pour savoir, il est si facile de lecture, Edelstein. C'est pas comme Merle dont même les mots ne suffisent parfois pas à faire comprendre. Il se demande, Albrecht. Si lui aussi il était dépouillé d'émotions comme ça, est-ce que la vie serait plus facile.
- Je peux ?
Entrer. Il demande mais il ne devrait pas, c'est un lieu public. Pourtant il se sent comme s'il s'apprêtait à pénétrer le foyer personnel de Merle. Sans doute parce qu'il s'agit du lieu de leur rencontre, et que par acquit de conscience, Albrecht affilie désormais le royaume des VHS au domaine intime de Merle.

Une fois à l'intérieur, porte qui se referme derrière lui, Albrecht n'a plus froid. Emmitouflé dans son écharpe qui masque ses lèvres, il suit sans un mot Merle du regard. C'est le même regard curieux et timide de la fois dernière, ça, ça n'a pas changé.
- Qu'est-ce qu'elle a pris comme films ? Cobra ?
Il s'autorise un maigre sourire qu'on ne voit pas. Depuis l'entrée, il voit Merle s'atteler au rangement des rayons qui ont été mis sans dessus dessous.
À son tour il approche, les poings toujours fermement ancrés dans les poches de sa veste. Du jean, elle aussi.
- Tu veux que je te file un coup de main ?
C'est quelque chose qu'il peut faire, Albrecht. Il suffit de regarder le nom des genres de films et ranger les boîtes à leur place... Pas vrai ?
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyJeu 5 Mar - 21:50

ça te fait réfléchir de savoir qu’il est passé la veille. qu’il t’a cherché et qu’il t’a pas trouvé. même si tu sais pas ce que tu devrais en penser, ça te travaille. en vérité, tu croyais pas qu’il reviendrait avant d’avoir quelque chose à faire ici. t’aurais dû le croire quand il t’as dit que c’était “sympa”, quand il t’a demandé si vous reverrez. est-ce que t’es devenu méfiant à ce point? c’est lui qui devrait l’être. et bien plus que toi. tu lui vends de l’espoir que t’as pas. y’a rien de chaleureux ou d'accueillant chez toi. mais t’as compris pour de bon qu’il désirait ta compagnie, même si t’as du mal à trouver une raison à cela.

« non, pas cobra. » t’as gloussé sur le coup. l’image de cette vieille femme devant ce film, beaucoup trop incongrue pour que tu réussisses à retenir ça. pas de quoi faire apparaître tes fossettes cela dit. « the asphalt jungle et cairo. » t’aimes pas les policiers. t’aimes pas monroe. tu regarderas jamais ces trucs là. t’hausses une épaule et te décale pour lui laisser de la place quand il se propose pour t’aider. si ça peut lui faire plaisir, toi tu risques pas de t’en plaindre. t’es pas en forme ce soir. « j’ai pas regardé la fin. » c’est vrai qu’après le départ d’albrecht, tu t’es simplement mis à tout rembobiner, à enregistrer les retours et à remettre les vhs en rayon. tu sais plus ce que tu lui trouvais d’intéressant à ce film. à ce cobra inoffensif qui n’a rien d’effrayant.

« pourquoi on t’appelle nazi et collabo? c’est même pas la même chose. » t’as feuilleté trop de choses à la bibliothèque. jusqu’à comprendre que les gens de stevenson n’ont surement jamais fait ça. tu lui as dit que tu savais pas ce que c’était, parce que c’est vrai. tu savais ce que ça sous-entendait, mais pas ce que ça signifiait réellement. « en plus toi, tu peux même pas en être un. » t’as conscience d’être encore loin de maîtriser le sujet, mais t’as fait tes petits calculs. on peut pas justifier qu’albrecht soit un collabo. ça fonctionne pas. il l’est pas parce qu’on a envie qu’il le soit. c’est complètement anarchique comme façon de penser. t’as appris depuis tout petit qu’on est pas sensé persécuté par plaisir. « c’est eux les nazis. » les discriminateurs. les racistes. les monstres. c’est ceux qui s’en prennent à un pauvre gars responsable de rien, né après tout ce bordel sur lequel ils sont pas foutu de se renseigner.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyJeu 5 Mar - 22:25

Est-ce que Albrecht ne passerait pas pour un mec creepy, par hasard ?
Revenir tous les soirs dans l'espoir d'apercevoir votre relation du moment, c'est pas plutôt un réflexe de fan ça ? D'amoureux transi ? Tiens, il n'avait même pas pensé à ça, l'allemand. C'est si naturel pour lui, de vouloir retrouver cette source de chaleur qui lui a été si agréable une fois. Alors pourquoi pas d'autres ? C'est ça qu'il s'est dit. Sans penser qu'il pouvait paraître dérangeant, voire carrément flippant.

Il a le temps de réfléchir à la nature de son comportement avant que Merle ne lui apprenne les titres qui ont été emportés par la grand-mère. Titres qui résonnent dans sa caboche d'un air familier, Des films des 50s ! Et son petit cœur s'emballe.
- Je connais. J'adore les films comme ça, j'en ai vu plein.
Rebel Without a Cause, Vertigo, Invasion of the Body Snatchers, The Searchers, et pour citer celui qui l'a le plus marqué... The Night of the Hunter. "Die Nacht des Jägers" dans sa langue natale, celle avec laquelle il a découvert la projection. Mais il n'en parlera pas, pas pour l'instant. Ce serait trop en dévoiler, et ça Albrecht a peur.
Pour l'instant mieux vaut en revenir à Merle et remettre American Graffiti à sa juste place, parmi les comédies.
- On peut finir si ça te dit... J'ai bien aimé.
À moitié, il ment. Il a davantage aimé visionner le film en présence de quelqu'un que le sujet du film lui-même, mais c'est sa manière à lui d'extrapoler le fait que la soirée fut bonne et qu'il serait plus que ravi de remettre ça.

La suite de la conversation le prend de court. Blade Runner en mains, il demeure interdit un instant. Un instant où la honte le prend par la gorge et étouffe sa respiration. Le seul mot "nazi" suffit à conditionner Albrecht à la peur. À tel point qu'il en oublie que jusqu'à avant-hier, Merle était censé ignorer ce qu'était qu'un collabo.

- Je sais pas... Ils disent que je le suis...
Et mes parents l'ont été.
Il ne le dit pas mais la révélation transpire de ses pores.
- On n'a pas eu un bon rôle, alors c'est normal qu'ils soient comme ça...
... Non ?
Ça non plus il ne dit pas.
Dites à un enfant qu'il est idiot. À force de le lui répéter, il finira par croire toute sa vie qu'il l'est. C'est pareil dans le cas d'Albrecht.
- Si je pouvais je me ferais pardonner. Mais je trouve pas comment. Alors je fais de mon mieux pour pas mettre les gens en colère.
Il rend service à tout va et effectue clairement les tâches les plus ingrates. On ne sait pas trop jusqu'où il serait capable d'aller pour gagner l'approbation de ses pairs américains, mais rien qu'à l'écouter, on peut imaginer suffisamment loin déjà.

Fébrilement, il redresse ses yeux vers Merle.
- Toi... Tu penses que j'en suis pas un ?
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyDim 8 Mar - 16:17

alors c’est ça son genre de films? tu peux pas t’empêcher de le dévisager sur le moment, sans savoir si t’es déçu de l’apprendre ou déçu de pas avoir réussi à le deviner par toi-même. l’un ou l’autre, c’est trop tard maintenant. al aime les vieux films. ça craint. t’as déjà passé une journée entière à la bibliothèque à le recherche de la correcte orthographe de son prénom, t’as pas envie de passer encore plus de temps à regarder ces trucs là pour te mettre à la page. tu préférerais encore visionner cobra une cinquantaine de fois.
« ‘kay. » les dernières boîtes sont déposées avant que te prenne une soudaine envie de bailler. l’index contre ta paupière, tu souffles en silence, la bouche ouverte.

les yeux lourds, humides, tu te remets à glousser. y’a rien de drôle dans ce qu’il te raconte. t’es juste pas en état d’être sérieux. quand la fatigue se fait sentir, t’entre dans un état second. t’oublies tes calculs et tes observations. tu passes à côté de la visible inquiétude d’albrecht. « pfft. non, pourquoi? je devrais? » t’étend ton bras pour tapoter le sien, puis tu te traînes jusqu’au comptoire, y posant ton derrière pour passer par dessus de la manière la plus flemmarde possible. une fois sur ta chaise, tu retrouves ton paquet de clope dans la poche de ta veste abandonnée sur le dossier.

« qu’est-ce que tu peux bien avoir à te faire pardonner? tu crois qu’on s’excuse nous, d’avoir envahi ces terres. d’avoir déclaré qu’elles nous appartenaient alors qu’on était pas les premiers arrivés? ou d’avoir réduit en esclavage toute une ethnie? » tu tends le paquet vers albrecht avant de mettre le feu à ta cigarette. la fumée t’aide pas à rester éveillé, elle vient te piquer les yeux, les irriter davantage. « on devrait pas s’en prendre à toi pour des choses dont t’es pas responsable al. tu demanderas pardon quand t’auras vraiment fait de la merde. t’es en amérique mon gars, comportes toi comme un américain. » les paupières closes, tu te laisse un peu glisser sur ton siège, la tête vers le plafond. quelque chose ne va pas depuis hier. tu l’as senti et tu le sens encore. est-ce que t’as vraiment pris tes cachets? ou tu l’as halluciné?

« on devrait aller présenter nos excuses au fana de stallone. » t’ouvres un oeil pour reluquer le blond. l’idée commence à germer, bien trop vite pour que t’es le moindre contrôle dessus. grâce à ton père, tu sais exactement où aller le trouver. « qu’est-ce que t’en dis? » tu t’es redressé, les coudes sur le comptoirs. drôlement agité. ta fatigue s’est volatilisée.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyDim 8 Mar - 22:25

Pour Albrecht, quelqu'un qui s'occupe de gérer le videoclub, c'est forcément quelqu'un qui a tout vu. Sinon, comment il ferait pour conseiller des films à sa clientèle ? Tu peux pas. Et ce serait moisi de se retrouver à dire : "Mmm bah en fait celui-là je l'ai pas vu mais parait qu'il est bien !"

Des films qui traitent de la seconde guerre mondiale, y en a pas encore beaucoup. À cette époque c'est pas encore le délire, tout le monde a la tête dans les nouvelles technologies, la science-fiction, le voyage dans le temps, les extra-terrestres et les morbidités. Le passé, on s'en balance, c'est derrière nous, c'est bon, on n'a pas besoin de le revivre.
Non, à cette période de l'Histoire, on ne cherche pas à se rappeler d'hier. Puisqu'on veut déjà vivre demain.

- Mais c'était y a si longtemps, plus personne se souvient.
Alors que la ww2, c'était il y a seulement quarante ans. Peut-être que dit comme ça, c'est long, très long. Mais dans les veines de gens comme la famille Edelstein, le sang est encore frais.

Comporte-toi comme un américain,
La phase lui tombe dedans avec un écho qui résonne partout dans son corps. Être américain, qu'est-ce que ça peut bien représenter au juste ? Albrecht, il porte les vestes et les pantalons en jean, emmène son walkman partout où il va, cherche à se trouver des copines à faire danser quand elles ne sentent pas la puanteur de ses origines, mange des burgers, regarde les films cultes des 80s. Qu'est-ce qu'il faut faire d'autre ? Se mettre à frapper aussi ? Hurler plus fort ? Retourner à l'état animal ? Aimer la chasse ?
À part la dictature, l'holocauste, les camps, la voix qui tranche et crache, ils ont quoi de plus les américains que les allemands ?

"Tu sais, une fois je me suis teint les cheveux en noir pour que je me fonde dans la masse et qu'ils m'oublient. Mais ils m'ont reconnu tout de suite.
La différence, c'était pas physique, pas verbal, pas mental. C'était juste le sang.
L'odeur."

Merle est allé enfoncer son dos dans un siège, présentant un cylindre pour l'allemand qui le rejoint après avoir rangé une dernière cassette orpheline.
Le cadeau est accepté volontiers, puisqu'une flammèche vient provoquer les premières secondes de plaisir entre les lèvres d'Albrecht. Ses poumons expulsent une volute opaque qui s'étiole lentement dans l'atmosphère.
À l'époque où les projections n'étaient pas scellées sous la peau des VHS, c'était dangereux de fumer en présence des pellicules. Ça pouvait exploser.

La suggestion de l'oiseau laisse un Albrecht trouble qui pense avoir mal entendu à cause du nuage de fumée.
- Présenter nos excuses ? Et quoi ? C'est pas toi qui disais qu'il fallait pas que je me fasse pardonner ?
Confus, un pli naît entre ses sourcils. Cigarette retenue entre deux doigts, il souffle une arabesque paresseuse. C'est bizarre ce que dit Merle tout à coup.
- Si je retourne le voir, je crois pas qu'il apprécie ma venue.
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MessageSujet: Re: (albrecht) la horde de deux   (albrecht) la horde de deux EmptyLun 9 Mar - 0:09

t’es violent avec ta clope. t’as pas la même patience qu’il y a deux jours. l’impression qu’albrecht te doit quelque chose, sans savoir pourquoi. tu le sais, ça va finir par t’insupporter cette façon qu’il a de se rabaisser. de trouver des excuses à ceux qui le châtient. plus tu lui laisse l’opportunité de s’exprimer et plus tu te confortes dans ce sentiment. t’oses même pas répondre quand il prétend qu’assez de temps est passé pour que plus aucun américain n’ait besoin de se sentir coupable de quoi que ce soit. le temps panse les plaies? conneries. une cicatrice reste visible quoi qu’il arrive, il n’y a qu’à s’attarder sur tes tatouages pour le constater. à la place, tu soupires bruyamment en levant les yeux au ciel.

« justement. » t’écrase rapidement ta cigarette à peine entamée et elle rejoint la corbeille avant que t’escalades à nouveau le comptoir. en te penchant par dessus, t’attrapes ta veste et ton sac au sol. « l’américain n’est pas naïf, juste con. » de la petite poche avant de ce dernier, tu sors ton couteau. la lame se déplie dans un cliquetis lorsque tu la présentes à son niveau. t’es pas censé l’avoir avec toi. ton père pense te l’avoir confisqué, mais t’as eu le temps de le trouver en profitant de ses absences. il craint que sa simple vue te donne des idées. ça a souvent été le cas, tu peux pas le nier. cependant, t’as d’autres choses en tête que te faire du mal ce soir. « j’vais t’apprendre comment on s’excuse chez moi. » t’enfiles tes affaires, récupère les clefs du vidéo club et éteint les lumières en arrivant devant les interrupteur près de la porte.

c’est pas comme si tu prenais énormément de risques à abandonner cet endroit à une heure pareille. t’es plutôt confiant, probablement trop. ça sent la catastrophe. les picotements que tu ressens dans chacun de tes membres. la lueur dans ton regard. avant-goût de ce que tu dissimules, de la folie qui t’anime. tu seras sage. t’es pas tout seul. albrecht va te garder les pieds sur terre. enfin, c’est ce que t’espères. « aller, magnes-toi. » tu l’interpelles en tenant la porte après avoir retourné le panneau à l’entrée. désolé, on est fermé.
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