outsider

les poe. parents, oncles, cousins et fratrie, tous unis au sein d'un même appartement du vieux carré de la nouvelle-orléans. ça grouille, ça crie, ça chante, ça rit, ça danse, ça pleure. ensemble, toujours ensemble. jamais seuls, et pourtant chacun noyé dans l'agitation générale, oublié et laissé pour compte. l'attention, l'approbation, t'es juste allée la chercher ailleurs.


nouvelle orlénas, born and raised. t'y es née, t'y as grandi. la ville t'as accueillie en ses bras, bercée le long du mississippi, élevée au rythme des percussions lors du carnaval, initiée aux secrets de l'occulte et de la magie noire. une culture américaine qui s'entrechoque avec ton héritage vaudou, ta tête qui explose sous les deux sons de cloche. tu ne sais pas sur quel pied danser.


« once an immigrant, always an immigrant » l'injustice de ton existence. malgré toute ta bonne volonté, tu ne peux changer le regard qu'on pose sur toi car la marginalité qui t'est imposée repose sur l'essence même de ton identité. si tu as ta place en Amérique, celle-ci demeure au plus bas de la société.


gamine en quête d'attention, t'as pas tardé à t'aventurer hors des sentiers battus. t'as un bon fond mais de mauvaises fréquentations. par un concours de circonstances, tu te retrouves au mauvais endroit au mauvais moment, unique témoin d'un énième abus de pouvoir de la part de l'uniforme. c'est ta parole contre la leur, alors t'as pas d'autre choix que de te mettre au vert.


jeune femme, noire, en cavale. sur la route, tu te retrouves seule, confrontée au chaos de tes pensées. au fracas de tes espoirs. vois ce que le monde a fait de toi. à présent, c'est toi vs. le monde. toi avant les autres. alors tu survis, entre petits boulots et grosses arnaques. l'univers est plein de pauvres bougres suffisamment désespérés pour se laisser berner. ta conscience et tes convictions cadenassées sous une carapace en guise de couverture de survie.


stevenson. c'est l'extrême opposé des fantômes de ton passé qui finit par vous accueillir, toi et ton maigre baluchon. une caravane pour logis en échange de tes économies, et te voilà officiellement installée. hors des radars de tes détracteurs, tu t'accordes une pause bien méritée, rythmée par les venues d'âmes tourmentées en quêtes de vérités inavouées. ainsi tu t'improvises psychologue officieuse de la petite communauté. l'oreille qui traîne, tu te nourris de leurs secrets, leurs envies et leurs hontes.


entre le bien et le mal, tu oscilles. t'es prise entre deux feux, tu aspires à une vie honnête mais c'est dans la marginalité que tu te complais. il suffirait d'un coup de pouce ou d'un coup de lame pour que tu valses d'un côté ou de l'autre de la ligne.