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 we are sentimental animals (sloane)

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AuteurMessage
Abraham Ringling
Abraham Ringling
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Alias : appo
Portrait : asa butterfield / météores
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Âge : 23.
Rumeurs : merveilleux ce petit abe, LA solution à tout
Occupation : artiste de cirque repenti, homme à tout faire.

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MessageSujet: we are sentimental animals (sloane)   we are sentimental animals (sloane) EmptyDim 10 Mai - 14:50

SENTIMENTAL ANIMALS
là tout de suite je m'aperçois qu'il y a une certaine rigueur dans ma manière d'apprivoiser le monde. au lieu de me jeter partout pour absorber la vie comme un assoiffé je fais bout par bout, catégorie par catégorie. comme si mon cerveau avait la sagesse d'un estomac habitué à ne pas être beaucoup rempli. comme si quelque part je savais que si je me donnais trop d'un coup je m'effondrerais à terre, tremblant et traumatisé d'un trop plein d'images. j'ai lu ça, une fois dans un bouquin. on parle de syndrome de stendhal. c'est les gens qui voient trop de belles nouvelles choses d'un coup et ça leur provoque un malaise, ils tombent, ils s'évanouissent. je trouve ça beau mais vu ma situation de clandestin je ne veux prendre aucun risque d'atterrir à l'hôpital, chez les flics : tous ces endroits où mon identité devra être administrativement vérifiée.

alors après m'être frotté aux bars, à l'église, à la forêt, aujourd'hui c'est le jour de tout ce qui s'achète. aujourd'hui pour la première fois de ma vie je vais mettre les pieds dans un endroit dédié à la vente des livres et des disques, et je suis aussi stressé que si j'allais passer un examen.

pour faire l'acquisition d'un de ces objets au cirque c'était la croix et la bannière. un vrai marché noir. certains, ceux qui n'étaient pas directement de la famille, avaient plus de liberté pour se promener dans les bleds qui nous accueillaient. amy, dresseuse de serpent et julia, diseuse de bonne aventure, me ramenaient parfois des petits cadeaux sous le manteau. de ma vie je n'ai jamais acheté moi même, les livres et disques que je possède ne dépassent pas la dizaine, ne l'ont jamais dépassée. le livre auquel je pensais tout à l'heure, là, où ça parle des malaises, je l'ai piqué chez un particulier lors d'un cambriolage forcé. je m'étais dit que tant qu'à être exploité, autant en tirer un profit personnel.

alors, j'entre. l'intérieur est un dégueulis d'images et je me dis que finalement malgré toutes mes précautions je vais peut être aller voir le sol d'un peu plus près quand même. la tête me tourne. poser le premier pied là c'est pour moi aussi vertigineux que de sauter d'un avion pendant un baptême de l'air. les gens vont et viennent leurs corps habitués aux temples de consommation. le mien frissonne. le mien se dit : je ne sais même pas par quoi commencer.
la musique je connais, la musique en direct jouée par l'orchestre du cirque. je connais la musique tsigane, le folk, le gospel. tout ça est bien traditionnel. je me balade avec une doudoune dernier cri sur le dos mais aucune mode musicale ne m'est familière. j'observe les posters je laisse trainer les doigts sur des pochettes colorées. je m'aperçois tout juste que la boutique diffuse un album en fond pour envelopper le client, ça sonne, c'est brut, c'est vivant et provoquant. ça me plaît. je cherche du regard la platine qui diffuse, je cherche du regard le titre qui est joué. au passage j'effleure des yeux une jeune femme qui range des pochettes toutes neuves dans un bac. je n'ai pas le souvenir de l'avoir déjà vue. elle, par contre, elle m'a vu, et j'ai soudain beaucoup trop conscience de mon corps, de ma présence. ma gêne sonne en sourdine, je me demande. est-ce qu'elle m'a vu entrer comme un équilibriste qui débute à quinze mètre au dessus du sol ? est-ce qu'elle m'a vu ridicule éléphant dans un magasin de porcelaine ? est-ce que ça se voit tant que ça, que je suis en terre étrangère ?
(c) AMIANTE
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