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 Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent

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MessageSujet: Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent   Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent EmptyDim 10 Mai - 14:27

C'est tôt le matin à l'heure où les oiseaux se lèvent forcément qu'il y a la crinière blonde et bouclée d'un Albrecht qui perce à travers les frondaisons. Plus ou moins discret emmitouflé dans les vêtements de fin d'hiver début de printemps, manches de pull retroussées jusqu'aux coudes et un pantalon jean que des branches et des épines ont éraflé plusieurs fois déjà. Pas très grave, c'est tendance les frocs dépenaillés ça fait jeune et dans l'ère du temps.

Un début de soleil timide sort des montagnes et dont les rayons glissent au-dessus de la sylve. Reflets ambrés au miel discret qui coule lentement sur l'écorce et la peau rousse des premières pommes que l’œil de l'allemand parvient à discerner couchées sous le tapi feuillu.
Le premier réflexe qui vient c'est de tout amasser dans les bras comme un trésor de pièces, comme on porte un bébé, et tout plaquer contre soi de peur que ça n'échappe, que les fruits ne sautent et ne s'enfuient. Parfois on a la surprise d'une pomme déjà occupée par un ver minuscule et pour d'autres c'est déjà le commencement de la rouille, le commencement de la pourriture en bord de fruit. Celles-là on les laisse au sol des animaux seront bien contents de tomber sur ces restes.
Vertes jaunes rouges et moins rouges, mais toutes empilées sous le même tronc. Albrecht à un moment donné il se dit que ce serait bien tout de même de les protéger dans le sac à dos histoire de ne pas en voir une s'évader, une qui roulerait pour retourner à l'état sauvage. Même s'il comprend parfaitement ce désir, Brynhild sera bien triste de ne pas avoir son strudel à midi, alors des pommes il faut les ramasser et tenter de les garder pour pouvoir les cuisiner après.

D'accord, il commence à en avoir beaucoup maintenant. Trop peut-être, mais la cueillette ça occupe, ça aspire les pensées, ça donne envie de le faire jusqu'à ce qu'il n'y ait plus du tout de couleurs par terre. Alors il amasse encore comme des œufs de Pâques qu'il faut trouver sous les feuilles d'érables. Il amasse et ne surveille plus du tout le talon du chêne qui a vu naître sa collection de rouges et vertes.
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Koko Jones
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MessageSujet: Re: Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent   Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent EmptyDim 10 Mai - 20:27

Doigts blancs qui se referment sur le cylindre de métal, petit coup de poignet vers la droite, et puis ce cliquetis à peine audible, hoquet annonciateur de bonnes nouvelles : la porte est ouverte. Parfois Papa la scelle d'un tour de clé ou deux, puis il oublie où c'est qu'il l'a rangée, alors par la fenêtre de la cuisine il faut passer, et la dernière fois j'avais oublié qu'il fallait d'abord enlever les pots de fleurs et j'ai tout bousillé mes capucines, elles étaient pas contentes alors moi non plus. Se glisser dans l'embrasure, c'est quand même bien plus facile, même si le panneau de bois gémit un peu, parce qu'elles aiment bien ça, geindre pour un oui pour un non, les portes, alors il suffit de demander pardon, de tirer doucement, nouveau cliquetis et hop ça s'arrête. D'abord, je m'assois sur le bord de la dernière marche du perron, puis j'attends. Tiens, ça y est, le voilà. Robe zébrée de gris, de noir et de marron. Queue touffue qui fouette l'air à intervalles réguliers. Pattes légères qui rebondissent sur le goudron et le font se dandiner jusqu'à mes tibias. Je lui offre mon front et comme à son habitude, il vient y frotter son museau, son menton pleins de poils, ses moustaches qui me chatouillent les joues. Petit rituel matinal qui s'est installé entre le matou des voisins et moi depuis bien longtemps déjà. Contrairement à ceux qui le nourrissent et lui gratouillent sûrement le bidon, il tient à ce que je lui dise bonjour, lui, alors jamais ne faillis à la tâche.
Brise légère qui zigzague dans mes cheveux. Vite, vite, il ne faut pas que je sois en retard. Pardon minou, je me redresse, je suis une biche, je bondis, je cours. Sous mes pieds nus, le béton défile, et puis bientôt, la mousse, les brindilles, la terre tiède et pourtant encore humide. Il fait encore un peu sombre, et très vite, mes yeux s'habituent. Ce chemin, je le connais par coeur. Juste à droite, il faudra se baisser un peu pour ne pas se prendre dans les fils tout pleins de rosée que la petite araignée aura passé la nuit à tisser. Un peu plus loin à gauche, on préfèrera ralentir le pas pour mieux enjamber les touffes d'orties qui ont fait leur nid entre le tapis de feuilles qui sèchent et les bûches couvertes de champignons. Ne les mangez pas ceux là, non s'il vous plaît ne faites pas ça, ils ne sont vraiment pas bons. Ça y est, je le vois. À chaque fois, c'est comme si c'était la première. Tête haute, perdue juste en dessous des nuages. Tronc épais, peut-être bien cinq fois plus que moi. Grimper là-haut, il a fallu que j'attende de voir un écureuil le faire pour comprendre comment m'y prendre. Bon même après ça, je n'ai pas réussi tout de suite, mais si on saute assez haut, on peut s'agripper à la branche, celle là, la plus basse, et puis ensuite, il suffit de bien savoir répartir son poids. Et voilà. Une jambe de chaque côté, confortablement installée. Aux premières loges pour admirer le plus beau des spectacles : bonjour soleil. Oui, je sais, j'arrive in extremis, mais je suis là. Tu as l'air bien pressé ce matin. Je me demande ce qui peut bien te rendre aussi curieux. Dis, tu as entendu ? Je crois que nous ne sommes pas seuls. Ça se rapproche, j'entends les branches qui craquent et les feuilles qui gloussent un peu. Oh ? Cette bête là, je l'ai déjà vue. Ce n'est pas une bête d'ailleurs, c'est un garçon. Un garçon et des pommes. Ça en fait beaucoup, des pommes, pour une seule tête blonde. Deux, quatre, six... il y en a au moins dix huit, des rondes et des moins rondes, planquées juste là, entre deux racines. J'ai un peu faim tout à coup. Je crois que je peux en attraper une si je me baisse un peu. J'en suis sûre même. Hop là ! C'est quand on a la tête en bas qu'on les mange, ses cheveux. Je serre un peu mes jambes, tomber maintenant, ça serait vraiment dommage. Je tends le bras, bingo ! Comme elle est belle celle là, comme elle est rouge ! Un coup de dents, la chair qui éclate, ça me coule un peu... sur le front ?! Ah, oui. C'est la tête à l'envers ça.

- Dix huit, moins une !

Mais il y en a une autre juste à côté de sa chaussure, alors ça va.
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MessageSujet: Re: Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent   Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent EmptyLun 11 Mai - 9:43

Dix-huit moins une ?

Alors ça c'est fort, c'est un coup du vent qui fait chanter les arbres ou qu'est-ce que c'est d'où ça vient ? Albrecht redresse son dos et on ne voit que lui dans cette mer rouge et orange de fin d'automne. Les prédateurs s'en donneraient à cœur joie de le voir planté comme ça à pivoter son nez de droite à gauche comme si le canon de fusil était déjà pointé sur lui entre les buissons sans qu'il sache où exactement. Et cependant même en tournant ainsi comme une girouette son butin fruité reste parfaitement en place, on dirait que c'est une pile aux pièces collées entre elles tellement que ça ne bouge jamais.

- H... hé !

Mais son hé personne ne l'entend, interjection bouffée par les mailles de sa laine grise claire. C'est bien une fille là-bas ? Pendue à sa branche dieu sait comment, la crinière beaucoup trop longue et dorée à piocher tout dans son sac la gueule ouverte.
Le sac dépouillé c'est l'alerte, le signe que ce n'est pas normal, que ça ne devrait pas se passer comme ça. Mais comme c'est difficile d'avoir l'air en colère Albrecht ce qu'il fait c'est emboîter le pas, un pas sévère où il y met tout son poids qui écrase les feuilles rousses et le rapproche de cette chapardeuse inconnue. Oui parce qu'il ne l'a jamais vue.

- Tu es qui ?...

Elle a déjà croqué dans la chair sucrée de toute façon, et pour être honnête il n'y a pas marqué le nom d'Edelstein sur ces pommes alors il n'est personne pour dire qu'on ne devrait pas y toucher ou y croquer. On a tendance à se dire c'est dans la poche donc c'est à moi, mais non une poche n'imprime aucunement un nom et en fait ce n'est jamais qu'une cachette où les autres doivent chercher.
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Koko Jones
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MessageSujet: Re: Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent   Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent EmptyJeu 14 Mai - 9:46

Quand on a la tête à l'envers alors c'est tout son monde qui se retourne, et le voir s'enfoncer un peu dans ce plafond de nature morte, à tel point que ses pieds ont disparus, ça me fait rire un peu, même si rire la bouche pleine de pomme, ça n'est pas aussi agréable que pouvoir s'esclaffer la gueule grande ouverte.

- Je suis Koko. Et ça, c'est mon ami, le soleil. Il te dit bonjour, je crois qu'il avait hâte de te voir.

Je sens mon coeur qui coule et remplit ma tête de toute ce liquide rouge qui d'ordinaire devrait filer vers le bas. Ça la fait gonfler comme un gros ballon, ça fait battre mes tempes, ça fait flotter mon cerveau, et je le vois qui commence à tanguer un peu, mon plafond de nature morte. Je plante mes crocs dans le fruit dont la moitié s'est déjà glissée dans mon estomac - quoi qu'elle doit bien avoir du mal à arriver à destination elle aussi depuis que le haut est devenu bas - et je me cramponne à ma branche pour m'y rassoir à califourchon dans un sens plus convenable. Oula ça tourne encore un peu et puis gentiment ça s'arrête. Un papillon vient atterrir en douceur sur mon genou. Je reprends ma dégustation.

- Toi tu es le boche. Tu as d'autres noms aussi. Mais je ne sais pas lequel tu préfères.

Je le regarde à nouveau. Il me rappelle ces garçons qu'on appelle princes charmants dans tous ces livres qu'on raconte aux enfants mais que moi je lis encore, parfois. En fait je regarde surtout les images quand il y en a. Les princes ont souvent une grosse couronne dorée posée sur la tête. Je me demande si c'est très confortable à porter, si on se sent différent. Parfois ils ont une cape. Ça non vraiment je ne saurais pas quoi faire de tout ce tissu. Un hamac peut-être. Et puis on les voit souvent avec une épée. Le garçon blond n'en n'a pas. Je crois qu'il préfère les pommes. Mais il ne les mange pas.

- Qu'est ce que tu vas faire avec tout ça ?

Le papillon s'en est allé de mon genou et je le vois qui tourbillonne tout autour des boucles blondes.

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